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20 May 2017

Rencontre de l’écrivain MAB Elhad avec JOAL Interview organisée par Abdillah Abdallah

 

Permettez moi d’exprimer ma profonde gratitude au nom du club JOAL et en mon nom personnel à Monsieur MAB Elhad, le délégué aux Comores de ‘’Rencontres européenne -Euro poésie membre de l’Union des poètes francophones que nous, JOAL, avons  eu l’occasion d’inviter.

JOAL : Monsieur MAB Elhad, vous êtes multiple : vous êtes Gendarme de profession, écrivain, dessinateur, photographe… Y a-t-il un lien entre vos textes et vos dessins ?

Comme disait Renan dans ’’Avenir de la science’’ je cite: ‘’si être poète, c’est avoir l’habitude d’un certain mécanisme de langage, ils seraient excusables. Mais si l’on entend par poésie cette faculté qu’a l’âme d’être touchée d’une certaine façon, de rendre un son d’une nature particulière et indéfinissable en face des beautés des choses, celui qui n’est pas poète n’est pas homme et renoncer à ce titre, c’est abdiquer volontairement la dignité de sa nature’’

MAB Elhad : Bonjour, permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour votre invitation, et de vous présenter mes excuses, pour le retard que j’ai accusé à répondre à votre rendez-vous, des exigences professionnelles m’ayant longtemps retenue.  Maintenant  que je suis libre de mes engagements et mouvements, je me suis empressé et c’est un honneur pour moi de me soumettre aux questions d’une équipe comme celle  de Joal, qui ne ménage aucun effort pour valoriser la littérature comorienne, aux travers de ses activités et plus particulièrement, celle qui consiste à susciter le goût de la lecture à la jeunesse comorienne. Je me fais un devoir de vous informer qu’au nom de Europoésie France, plus particulièrement Monsieur Joël Contes, je tiens à votre disposition quelques revues et livres qui permettront de nourrir la créativité des jeunes membres de JOAL. J’espère que nos amis d’Euro poésie, se feront un plaisir de venir visiter les îles de la lune et plus particulièrement cette île charmant, aux parfums et à la beauté lunaire qu’est Anjouan.

Pour revenir à votre question, je dirais qu’effectivement je fus un gendarme munis de plusieurs ‘’képis’’, pour ne pas dire casquettes. Si j’ai pris ma retraite en 2009, après 22 ans de bons et loyaux services, sous les couleurs de la Gendarmerie, c’est aussi en partie parce que souvent on me disait que le Lieutenant que j’étais s’est trompé de carrière, et que ce fut un crime d’hérésie au sein de l’armée, pour certains, parce qu’étant poète, je semblais trop sentimental pour un gendarme sensé imposer la loi. Et c’est vrais que de prime abord être à la fois Gendarme et poète, prête à confusion, parce qu’il n’est pas facile de confondre le rationnel et son contraire, nourrir le réel d’imaginaire.Mais c’est justement dans cette contradiction que, comme un acrobate,  je retrouvais mon équilibre, qu’au cœur de l’épreuve jaillissait la clairvoyance et nourrir de sérénité  mon inspiration.Mais ce que les autres oubliaient c’est que, justement grâce au tempérament, à la souplesse et à cet état d’esprit réfléchi du poète, j’ai réussi mes meilleurs enquêtes et  médiations. Et puis après tout je ne suis pas le 1er Militaire poète n’est-ce pas ? Avant moi il y a eu mon ami malgache, le Général Désiré Ph.Ramakavelo, ex-ministre des Forces Armées, puis des Affaires Etrangères de la Grande île,et j’en passe des illustres comme les français Paul Verlaine, Lautréamont, ou encore, l’anglais Georg Herweigh, comme poète révolutionnaire mais aussi les poètes guerriers de la 1ère guerre mondiale. Chaque pays a eu son militaire poète. En ce qui concerne le dessin,  je ne suis pas un dessinateur mais plutôt je m’exerce à la calligraphie et à la photographie par passion parce qu’ils sont d’autres  formes d’expressions ou d’écritures, voilà donc le lien. Certes, je m’inspire de mes photos pour écrire de la poésie, comme je me sers de la poésie pour dessiner mes calligraphies, ou calligrammes et de mes poèmes pour illustrer ma photographie, et  vis-versa. Sinon j’ai quelques projets d’écritures, comme la publication d’une anthologie ‘’florilège de la poésie comorienne’’ dans laquelle, j’ai répertorié dans la partie bibliographie sélective,une vingtaine de poètes comoriens publiés y compris Mayotte, pour une trentaine (33) de recueils publiés, contre 05 anthologies portant sur les Comores et et 05 essaies ou travaux de recherches sur la poésie comorienne et la chanson. Par ailleurs une demie douzaine d’œuvres poétiques étrangères ont cités les Comores, ce sont pour la plus part des poètes ayant séjourné sur les îles de la lune et qui ont été inspiré au cours de leurs séjour. De même une vingtaine de jeunes poètes cherchent éditeurs pour se faire publier tout aumoins.

JOAL : lors de la parution de votre première œuvre, « Kaulu la mwando », vous avez laissé entendre que : « je ne suis pas allé à la poésie, c’est la poésie qui est venue à moi ».Comment expliquez-vous cela, alors que nous savons qu’écrire demande un grand talent et beaucoup de travail.

MAB Elhad :‘’La poésie est le sens mystérieux des aspects de l’existence’’ Stéphane Mallarmé

J’ai été happé par la poésie, comme tant d’autres enfants dès l’école primaire. J’ai eu la chance d’avoir en classe de Cour élémentaire 2ème année(CP2) un enseignant formidable en la personne de Monsieur Kaki,(paix à son âme) originaire de Moroni M’tsangani, qui m’a donné goût à la poésie.  Lequel nous faisait vivre la récitation. C’est-à-dire que pour avoir la meilleure note, il fallait rentrer dans la peau de ‘’l’animal’’ et jouer au mimétisme en imitant le contenu du texte. C’est ce qu’aujourd’hui on nomme « mis en espace ou lecture scénique » nous l’avons vécu avec lui et avant l’heure. Ce qui m’a donné goût à aimer la poésie, donc j’estime que grâce à mon instituteur la poésie m’a emportée comme une maitresse du verbiage, pour m’emporter vers des horizons inespérés et me faire goûter aux fruits délicieux des mots. Quant à la calligraphie, elle m’est venue aussi de mon feu instituteur (paix à son âme) Ahmed Soilih) qui m’a enseigné au CP1, et qui faisait de l’écriture une matière à part et tout un jeu artistique. Je crois que de tels enseignants aussi impliqués manqunt à notre pays. Et quand à la photographie, c’est grâce à mon frère et Ami Cheikh Said, qui dans notre enfance disposait d’un appareil 110 Agfa, avec lequel je me suis initié avant de fréquenter le club photos du Lycée d’Enseignement Professionnel Agricole de Luçon Pétré(LEPA), en Vendée auquel je fuis l’un des animateurs, dans les années 80, puis  une fois Gendarme j’ai été me perfectionner au Centre de Perfectionnement de Police Judiciaire(CPPJ) à l’Ecole des Sous-Officiers de Gendarmerie à Fontainebleau, tout près de Paris où je me suis spécialisé en Police Technique & Scientifique (PTS)

JOAL : Des extraits de votre recueil  Kaulu  la mwando figurent sur les billets de banques de 1000 francs et de 2.000 francs depuis 2005. Estimez-vous la portée d’une telle reconnaissance et quel intérêt avez-vous tiré de cette distinction ? et pourquoi vous justement ?

MAB Elhad : Effectivement l’évènement date de Novembre 2005, depuis que des extraits de mes poèmes se retrouvent en mini lettres, macros lettres rouges et en filigranes sur les billets de banque de 1000 et de 2000 francs émis par l’Etat comorien, au même titre que les maximes et pensées du Prince des poètes comoriens,Mbaétrambwe. Comme l’a si bien écrit IrchadOusseine, dans AlwatwanMag, n° 34 de décembre 2013, c’est ‘’un fait qui distingue le paysage littéraire de cet archipel’’. Bien que la presse nationale en a parlé à l’époque, l’évènement était passé inaperçue et le billet de 1000 francs KMF classé meilleur billet mondial par l’Union Internationale des banque en 2006. C’est cela ma fierté, d’avoir contribué à distinguer et honorer mon pays. C’est le plus beau prix auquel  j’ai été récipiendaire. Il est toutefois  nécessaire de préciser ici, qu’à travers ma modeste personne, la Banque Centrale des Comores avait pour ambition d’honorer la scène culturelle comorienne dans ses différents aspects d’où la présence dedessins aussi, valorisants la pêche et l’agriculture. Le fait que je sois à la fois un poète qui touche par ailleurs aux arts (notamment la poésie et la calligraphie), et le plus récemment publié à l’époque dans une édition comorienne, cela leur a semblé un atout supplémentaire pour  me faire publier sur les coupures de la dernière gamme de billets de la banque centrale des Comores. A en croire l’article paru dans le n°914 d’Alwatwan en date du 12 janvier 2006,signé de Madjuwane‘’ ces textes figurent parmi les nombreux éléments appeler à accroitre la sécurité de la nouvelle gamme… et assurer le rayonnement de la culture comorienne. Il s’agit également pour la BCCde reconnaitre la passion de toujours pour les arts et la culture du gendarme, qui en plus d’être un poète reconnu est un véritable touche - à - tout dans tout ce qui concerne ces disciplines, notamment à la calligraphie et à la poésie. En portant ses choix  sur ce passionné des arts et de la communication, l’une des quatre uniques banques d’émission de l’Afrique francophone et de l’Océan indien accorde aux textes et à leur auteur une très longue prospérité’’. Et Irchade de rajouter que : ‘’ Il est vrai que les vers de MAB Elhad contre l’arbitraire et la pauvreté frappés sur le billet de banque (de 2000KMF) sont aussi une belle leçon de morale dans ce monde  néolibéralede quoi réconcilier les pour et les contre dans ce type de projet’’. Et après tout je ne serais pas le premier à connaitre une telle distinction, le Gabon a honoré un de ses artistes sur billet de banque, de même que RakotoFrah, le roi de la Sodina malgache figure sur le billets de banque malgache, ailleurs des auteurs ont leurs noms donnés à des rues.

JOAL : « Regard biaisé », le titre de votre deuxième œuvre, est un titre très original. C’est vous qui l’avait choisi ou c’est l’éditeur qui vous l’a proposé ?

MAB Elhad : Ce titre ‘’Regard biaisé’’ est de moi. En fait,  ce recueil est un rétroviseur. Un regard critique que je pose sur mon passé et une appréhension, un questionnement sur l’avenir. Je parle de ma jeunesse notamment en France Nantes, mais aussi à Moroni et de mon attachement envers cette ville qui m’a servi de ‘’Muse’’.                         Comme Mme Mohamed DhoifirSaouda l’a si bien rapporté dans la préface : c’est ‘’le cliché émanant d’un aperçu d’ensemble entre non-dit et sentiment étouffés, par une certaine réalité, résultant d’un certain lyrisme existentiel…vis-à-vis de l’évolutions de nos mœurs, entre croyances et pratiques, mais aussi entre espoir et incertitude…’’ et comme l’a rapporté le journal Archipel dans sa critique, je reste ce  ‘’poète éclectique se nourrissant de son quotidien. Dans ‘’Regard biaisé’’ j’ai aussi tiré certaines leçons de ma vie. En reconnaissant mes tords j’ai présenté mes excuses à la destinée. Contrairement à ce qui m’a été reproché dans ce recueil, je n’ai pas voulu régler des comptes, mais plutôt faire le constat de mon vécu ; et tirer quelques leçons  de la vie.

JOAL : A travers « Regard Biaisé », vous nous présentez les pays et les lieux qui ont marqués votre vie, les moments forts que vous avez vécus. Quel est la part de l’imagination ?

MAB Elhad : Oui effectivement, je dois beaucoup à l’armée comorienne et plus particulièrement à la Gendarmerie grâce auxquelles, j’ai eu non seulement une éducation, mais ont contribuée à fixer mes objectifs, et la Gendarmerie m’a ouvert les portes des ambitions. Grace à ma carrière de Gendarme, j’ai été 1er Adjoint du Maire de Moroni, puis préfet de Centre, avant d’occuper des fonctions de conseiller de différentes autorités en matière de sureté est sécurité de mon pays. Le dernier poste que j’ai occupé comme Directeur Général des Renseignements Extérieurs, a beaucoup nourri mon expérience. Pour revenir à votre question, toutes ces fonctions m’ont permis de beaucoup voyager et de découvrir le monde qui m’a beaucoup inspiré. Oui il existe une part de fiction dans ‘’ Regard biaisé ’’ certains  poèmes ont été écrits entre deux vols,  c’est le cas du poème ‘’ Destiné’’ écrit entre Anjouan et Mayotte, et qui parle de la mort, inspiré par ce bras de mer meurtrier.  C’est le cas aussi pour les poèmes ‘’Maoa Marguerite’’, en hommage à une amie perdue de vue, ou encore ‘’Elabakana’’ qui loue la femme indiano-métisse, cette  perle riche de métissages qui embellie sa beauté, deux poèmes écrits  à Antananarivo,   mais aussi ce poème ‘’Voyage’’ écrit au cours d’un transit à AddisAbbeba en souvenance d’une hôtesse de l’aire, qui s’est invité dans mon rêve. C’est justement dans ce poème où prédomine la fiction, parce que ce poème a été interprété différemment et a fait l’objet de différents critiques qui parfois ont portées à confusions. Franchement je n’ai jamais rencontré cette hautesse de l’aire, ce n’est qu’un simple rêve ! 

‘’Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré’’ Paul Eluard

La part du rêve fut aussi de voir mes textes mis en lectures scéniques, par l’artiste dramaturge Soumette et sa troupe en France, mis en dance chorégraphique par Idrisse dit Sans blagues et sa troupe à Madagascar et en Afrique ; joués au théâtre par la troupe des amis de Hahaya, pour ne citer que ceux-là.

JOAL : Vous avez écrit la deuxième partie de votre œuvre en anglais. Y a-t-il une raison particulière à cela. A quel type de lecteur est adressée cette deuxième partie qui est en anglais ?

MAB Elhad : A l’ origine, ce sont les textes extrait de ‘’ Kaulu la mwando’’, mon premier recueil qui ont été traduit en anglais, tout simplement parce que j’avais été retenu pour faire partie d’un programme de l’éducation américaine, consistant à envoyer pendant 2 ans un auteur, aux USA pour faire connaître la littérature de son pays. Le 1er à bénéficier de ce programme aux Comores, fut le doyen des auteurs comoriens Mohamed Toihir.

Je devais être le deuxième candidat à y bénéficier de ce programme. Les poèmes ont été traduit en parti par un ami malgache travaillant à l’Ambassade des USA à Madagascar, et l’autre partie par S. AntoisseEzdine qui travaille à Comores télécom et auxquels j’exprime ici ma gratitude. Malencontreusement il s’est avéré que je ne parle pas la langue  anglaise et du coup c’est un poète malgache qui a bénéficié de ce tour. J’ai donc estimé qu’il fallait que je valorise cette interprétation aussi riche au profit des jeunes comoriens qui apprennent l’anglais pour qu’ils puissent bénéficier de textes comoriens traduits en anglais. Et je ne le regrette pas puisque j’ai reçu des retours positifs, d’ailleurs le recueil a très bien été accueil et il reste très peu d’exemplaires à écouler à Moroni. Sur 250livres il me reste environs une centaine en vente en France et une trentaine dans les librairies comorienne, par ailleurs le livre est aussi vendu sur les réseaux en version e-book et dans certaines librairies sur commande après un an de publication. Dieux merci, je suis satisfait.

JOAL : Faites-vous parti d’un cercle d’écrivains ?

MAB Elhad : Oui je suis le Délégué pour les Comores d’une Association Internationale francophone connu du nom de ‘’ Rencontre Européennes Europoésie’’ qui édite mensuellement le ‘’Bulletin des Amis d’Euro poésie’’ et présidé par l’Honorable Joël Contes. C’est justement grâce à eux que je dois vous remettre quelques revues et livres de poésie, faisant parti des livres que cette association édite au cours des différentes manifestations qu’elle organise. D’ailleurs vos membres et vos lecteurs peuvent visiter le site http://europoesie.centreblog.net, Euro poésie est représentée dans une vingtaine de pays notamment francophones parmi lesquels les Comores. Je suis aussi sympathisant du Printemps des poètes des Afriques et d’Ailleurs présidé par mon ami Thierry Sinda membre fondateur des poètes de la Néo – négritude auquel j’ai eu le privilège de rencontrer à Paris.

JOAL : En tant que délégué aux Comores de l’union des poètes francophones vous avez eu la chance de voyager beaucoup et pris part à de différentes manifestations sur la scène internationales. Qu’avez-vous découvert dans le monde de la littérature ? De quoi souffre notre littérature comorienne?

MAB Elhad : Oui effectivement, j’ai eu la chance de participer à différentes manifestations littéraires et artistiques, en l’occurrence dans l’Océan indien, au cours des FIPIO (Festival Interrégional de Poésie de l’Océan Indien) organisé par l’Union pour la Défense de l’Identité Réunionnaise (l’UDAR) mais aussi à différents FIPIA (Festival Itinérant de Poésie en Afrique) organisé par Paul Dakeyo. C’est ainsi que à l’instar des poètes comoriens Aboubacar Ben Said Salim, et NassufDjailane, je figure sur certaines anthologies  de la poésie de l’Océan indien. Et comme artiste j’ai été récipiendaire du trophée d’art dans le domaine de la photographe, offert par l’Union des artistes Réunionnais(UDIR) au même titre que les artistes comoriens Séda et Chakri.

Durant mon mandat de 1er Adjoint au Maire de Moroni, puis Préfet du Centre, j’ai eu à initier un projet d’échanges culturels avec le Maire de St-Denis que j’ai invité à visiter la Mairie de Moroni. Ces échanges ont été renforcer par les relations nouées avec  l’Espace de Recherche et de création en Arts actuels de la Réunion pour faire l’état de lieu devant permettre une collaboration entre la ville de Moroni et celui de ST. Denis dans le domaine culturel. Antoine du Vignaux, le créateur de cette structure est un ami grâce à qui j’ai dû participer à  certaines de leurs activités notamment à une veillée poétique à l’île de La Réunion, et aux Rencontres ‘’Elabakana’’ à Madagascar. Depuis LERKA est venu à Moroni faire son état de lieux et des jeunes comoriens ont pu bénéficier du fruit de ce partenariat grâce à cette structure réunionnaise. Je tiens à leur exprimer mes remerciements.

Notre littérature souffre d’un désintéressement dû au manque d’application de la politique nationale de la culture. Non pas qu’elle n’existe pas puisque j’ai eu le privilège de participer aux assises nationales d’Avril 2008, qui se sont tenues au Palais du peuples en sa faveurs, puis à l’Atelier de sensibilisation tenu à l’Ecole de Santé au mois de  juillet 2011 sur :

la convention relative à la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles ; 

la convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Lesquels ont aboutis à l’élaboration de ‘’La Politique Culturelle’’ élaborée en Aout 2011 avec le concours de la Commission Nationale de l’UNESCO et la Direction des Arts et de la Culture.

Seulement tant qu’il n’y aura pas un ministère de la culture, notre littérature ne pourra pas s’épanouir. Certes des progrès ont été enregistré avec le Festival des Arts Contemporains des Comores, sous le règne de son Excellence le Président IkililouDhoinine, puis il y a eu le 1er Salon du livre qui vient de voir le jour aux Comores avec le soutien du Gouvernement Comorien sous la Présidence de son Excellence le Président Azali. Il est à rappeler que c’est sous son premier mandat présidentiel qu’a été créer la ‘’Journée MbayeTrambwe’’ intitulée journée de la poésie comorienne célébrée tous les 17 juin de chaque année, de même  que les Gamboussi d’Or, mais tous ces évènements ont été pour la plus part délaissés faute de manque de financements. Mais je suis optimiste au vu de la motivation qui anime l’actuel Président et son Gouvernement de l’Union,  qui ne ménagent pas leurs efforts pour accompagner les nouveaux projets  qui leurs sont soumis.

Autrement il faut reconnaitre que du côté des auteurs et des artistes nous ne faisons aucun effort pour nous faire reconnaitre, et faire vivre les associations en faveurs de la scène littéraire ou artistiques. Les associations se meurent fautes d’activités. Hormis Muzdalifa House à Moroni, et JOAL à Anjouan rien n’est fait. En ce qui me concerne en tant que Délégué d’Europoésie, j’essaie de célébrer le printemps des poètes tous les ans et encourager la création des clubs de poésie villageoise, comme ce fut le cas à Mbéni. Par ailleurs j’ai créé sur Facebook l’espace de poésie ‘’Poètes comoriens et ami(es) des Comores’’  où bon nombre de poètes en herbes et des talents confirmés ne manquent pas de nous faire l’honneur de leurs visites. J’ai aussi créé l’espace ‘’PHOTOGRAPHIE COMORIENNE’’ qui connait une très grande fréquentation. Je saisi cette opportunité pour remercier les visiteurs des deux espaces. Certes c’est très peu de choses, mais l’adage comorien dit que (yeyarohatsozikadjasazaililo) Celui qui a versé une larme n’a pas manqué de pleurer. Donc nous avons des ambitions à  Europoésie et nous sommes en train d’identifier les clubs de poésie existant et susceptibles de faire un partenariat avec la Délégation Comores d’Europoésie pour leurs apporter notre soutien qui peut être multiforme.

JOAL :Dans votre œuvre, « Regard biaisé »Presque tous les poèmes sont rimés, mais souvent les vers n’ont pas les mêmes longueurs. Y a-t-il une raison particulière à cela ?

Victor Hugo disait que ‘’l’homme ne fait que des vers, le cœur seul est poète’’.

MAB Elhad :Je ne suis pas conditionné par l’obligation de la rime et me soumet au rythme de mes mots. Je les prends tels qu’ils me viennent et les restitues à mes lecteurs. Ce qui m’importe le plus c’est l’harmonie entre le message que je délivre, la musique suscité par le rythme, et l’image que le lecteur se faitde mon message.

 

JOAL: Aujourd’hui que vous êtes à la retraite. Vous êtes devenu un écrivain à plein temps ou pas ?  Avez-vous l’ambition de l’être ?

MAB Elhad : Officiellement oui après 22 ans de loyaux services dans l’armée, j’ai demandé de mon propre gré, une retraite anticipée pour des raisons personnelles. Mais il arrive que mon pays me sollicite pour différents missions. Actuellement j’envisage de m’installer à mon compte. Ce qui en soi me permettra de continuer à créer et à écrire. Non je ne me suis jamais considéré comme un écrivain à part entière. J’ai beaucoup d’estime à l’endroit des écrivains pour me prétendre écrivain. Je suis plutôt un passionné d’écriture sous toutes ses formes, un jongleur des mots. Certes j’ai quelques projets d’écritures en vue notamment  en photographie pour faire connaitre les petites histoires de nos sites touristiques entre : Légendes, croyances et mythes ; j’ai aussi un projet d’anthologie ‘’ Florilège de la poésie comorienne de l’indépendance à ce jour.

Quand le sorcier mène l’enquête.

Sinon j’ai une histoire  inspiré de mon vécu de gendarme.  En effet c’est une réalité qui frôle la fiction. Alors jeune gendarme formé en Police Technique et Scientifique, j’ai eu à enquêter sur ma première scène de crime d’un enfant abusé et tué au marigot de Moroni en 1987, derrière le port. Muni de ma mallette contenant le matériel d’investigations criminel pour me rendre sur la scène du crime je me suis vu rappeler à l’ordre par mon commandant de compagnie, qui a estimé que le sorcier du village voisin, fera mieux l’enquête que les instruments conçus par des blancs qui ne connaissent rien de la réalité comorienne……

JOAL: Quel regard portez-vous sur la littérature comorienne ? Elle a des beaux jours devant elle. Il y a des talents qui naissent de plus en plus mais ce qui manque c’est un encadrement, des conditions de motivations. Il faudra dépoussiérer cette politique culturelle. Que peut bien faire un directeur de la culture ou son ministre quand le budget de l’Etat n’estime pas nécessaire de prévoir les faciliter de fonctionnement ? La plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Il faut soutenir le C.C.A.C – Mavouna et les CLAC ainsi que les structure à l’instar de JOAL, qui se vouent à l’épanouissement de notre culture. Il faut valoriser nos talents bon nombre d’entre eux nous reviennent avec des distinctions mais ne sont aucunement pas considérés dans notre pays. Il est temps de créer la médaille nationale des Arts et des Lettres qui reste un éternel projet des différents gouvernements successifs.

JOAL: Un dernier message à vos lecteurs ? Ce sont  eux qui motivent la créativité et sans eux mon écriture n’aurait aucun sens. Ce sont leurs messages affectueux que je reçois de temps en temps qui me poussent et ce sont ces messages de considération qu’ils me témoignent ou que je retrouve dans mes livres d’Or à chacun de mes prestations littéraires et/ou artistiques que relis à mes moments difficiles, à mes heures de spleen. Je tiens à leurs remercier. Une mention spéciale à ces enseignants des collèges comme de l’Université grâce auxquels mes textes sont étudiés. Je leur exprime ma gratitude. Je perçois le retour de leurs étudiants qui me prouvent de la considération. Sans ces enseignants, ces professeurs, nos éditeurs, nos libraires,  à quoi auraient elle servie notre littérature. Et enfin ma reconnaissance va aux animateurs et responsables des Centres Culturels, de loisirs et  de lectures c’est eux qui suscitent les rêves de ces jeunes, c’est grâce à eux si les flammes de la littérature continuent de briller et que les brindilles  ne s’éteignent pas. A toute l’équipe de JOAL je vous remercie de tout mon cœur.