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30 Jul 2015

Langue et identité

par Dr Said Soilih

L’identité culturelle est un concept qui permet à un peuple de se reconnaître par des valeurs bien précises dans ses pratiques, concepts, pensées, croyances et l’art. Il est alors difficile d’identifier et de défendre d’une façon absolue les valeurs et la mémoire d’une nation sans une identité culturelle conforme à la réalité locale. Les Comores, dont l’histoire est marquée par l’esclavagisme, l’islamisation, le sultanat, la colonisation, le féodalisme, la révolution, le népotisme et le séparatisme, ne sauraient se vanter aujourd’hui d’une mémoire authentiquement originale, exprimant encore son identité. 

La reconquête de l’identité culturelle comorienne passe nécessairement par une étude épistémologique et historique des parlers locaux qui font référence à des formes littéraires, métaphoriques, imagées, des symbolismes et des techniques de production langagières propres des îles. 

La langue comorienne constitue l’ensemble des unités du langage parlé ou écrit, propre à la population digne de cimenter l’identité culturelle des îles; le langage demeure cette faculté que nous avons de communiquer entre nous et d’exprimer nos pensées. Les Comores comptent quatre parlers inter-compréhensibles. Malgré cette diversité apparente, il existe des affinités réelles entre eux. Ainsi, un travail de consolidation des ressemblances linguistiques pour couper cours à une exploitation des différences observées paraît important. 

La langue est donc un pilier de la culture pour ceux qui l’ignorent. Et selon le Malien Seydou Badian KOUYATE « … par la langue, nous avons ce que le passé nous a laissé comme message et ce que le présent compose pour nous. C’est la langue qui nous lie, et c’est elle qui fonde notre identité. Elle est un élément essentiel et sans lequel il n’y a pas de culture. La langue nous aide à tout interpréter » et Badian continue « …. nous étions des dominés, des colonisés et la langue a été pour nous un facteur de libération». Il serait donc important de veiller à la survie du comorien en tant qu’élément culturel de libération socioéconomique et culturelle de tout l’archipel. 

Il est important alors de signaler la mobilité et la flexibilité constantes d’une langue particulièrement du comorien. C’est la raison pour laquelle tous les citoyens doivent mesurer combien il est utile de défendre leur langue et de l’enseigner aux enfants pour les maintenir dans leurs origines et lutter son appauvrissement. 

De la période coloniale à nos jours, l’école occidentale reste la seule référence dans l’éducation et la formation des enfants. L’éducation familiale est reléguée au dernier plan une fois que les parents sont considérés comme dépourvus d’une éducation digne, parce qu’ils n’ont pas fait l’école de Napoléon. Tous les enfants ayant la chance d’aller à l’école ne réfléchissent plus que par l’école. Ils sont éloignés totalement et progressivement de leur racine culturelle. 

Les programmes enseignés dans le passé ne prenaient jamais en compte les facteurs culturels des milieux comoriens parce que calqués sur des modèles étrangers véhiculant une culture étrangère. Les seules références historiques et culturelles étaient alors les étrangers. 

Iba N’Diaye, spécialiste des langues africaines au Centre Amadou Hampaté BA, Bamako, avance les propos selon lesquels « …nous pratiquons à longueur de journées, un déni de reconnaissance de la riche et complexe contribution de nos ancêtres en matière de cultures, de langues et même d’écritures. L’étude de nos langues est d’autant plus importante que sa négligence soit l’une des principales sources de la misère économique de nos populations ». « Les élites ayant la charge de concevoir les modèles de développement et les projets de société, puis de mobiliser les populations illettrées et les ressources intérieures et extérieures autour de ces modèles et projets, ne savent même pas comment présenter valablement leurs idées, approches, méthodes de travail, de gestion et d’évaluation à nos communautés. » 

Ainsi, les intellectuels comoriens (les instruits) constituent pendant longtemps un obstacle majeur à l’évolution de nos parlers locaux avec l’argument selon lequel ils ne permettent pas d’exprimer une pensée scientifique. Ce qui paraît tout à fait erroné.

La langue comorienne malgré son statut oral qui lui a été imposé depuis des siècles est source de réflexion car elle rentre dans le cadre des langues riches par sa diversité.

Non seulement son étude conduira en toute fierté et en toute beauté aux fondements culturels de la civilisation comorienne en voie de disparition, mais également, l’étude de la structure syntaxique et lexical permettra d’identifier les mots d’origine diverse qui se sont imbriqués dans le répertoire lexical du comorien. Nous sommes convaincu également de l’existence dans les formes d’expression de cette langue d’une pensée scientifique, artistique et culturelle digne et propre des îles, permettant aux jeunes générations de puiser des richesses et se doter d’une pensée comorienne indispensable pour la conquête d’une pensée universelle. Il s’agit « des proverbes » qui sont riches de sens mais pauvres dans l’application.

Aujourd’hui, cette langue avance à grande vitesse vers une véritable dégradation structurale et une déperdition considérable dans le domaine lexical. Au niveau de la structure grammaticale, la langue s’appauvrit par le fait qu’elle n’est pas encore normée. La morphologie de la phrase n’est pas étudiée donnant cours à des confusions souvent mal à propos et des irrégularités dans les énoncés. « mikamdji, minohumwona ». Dans beaucoup de cas, on sent le français traduit mot à mot sans parler des difficultés d’interprétation des concepts scientifiques et techniques.

On constate également que l’écriture utilisée dans la plupart des cas est une écriture calquée sur le français et qui ne tient pas toujours compte de la structure étymologique des mots mais de leur vocale. Ainsi, selon le milieu, le même mot s’écrirait de façons différentes. 

Il est temps alors d’étudier aujourd’hui la langue comorienne afin de faire d’elle un outil de développement durable au service de la majorité de la population. C’est-à-dire : Faire une étude historique des parlers pour en dégager les concepts pédagogiques, didactiques, économiques, sociologiques, scientifiques, … par une analyse appropriée de la structure des mots, des locutions, de la phrase… selon une spécificité du comorien. 

Mettre en place une véritable politique linguistique au niveau des états pour traduire tous ces efforts/acquis en termes d’outils de développement. Procéder à une reforme des systèmes éducatifs où les résultats de ces études seront mis au service de l’éducation nationale.

Standardiser le comorien est une phase essentielle pour ne soit une langue morte. Elle nécessite l’implication des populations rurales encore attachées à leur tradition. Un mouvement d’échanges de points de vue, caractérisés par le donné et le recevoir, se constituera entre les populations et les spécialistes : les aptitudes de base (écriture, lecture et leur application à la production) dans la langue locale s’échangeront au profit des fondements culturels de nos valeurs anciennes. 

Si notre pays se trouve dans la pauvreté c’est parce que nos gouvernants ignorent que sans identité un pays n’avance jamais

Dr SAID Soilihi

Said Soilihi 

30 juillet15
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30 Jul 2015

Un festival de poésie en avril

Dans le cadre de la célébration du mois de la poésie, durant ce mois de mars, « Faribolana Sandratra » organisera « Zara Fanahy », un recueil de poésie, ce 28 mars à partir de 15 heures, au Goethe Zentrum ou Cercle Germano-Malgache à Analakely. Mais le clou des événements du « Faribolana » sera le « Sahoby » ou festival de poésie, organisé ce mercredi 8 avril 2015, à partir de 15 heures, au CMDELAC à Analakely, ainsi que ce 15 avril 2015 à la Bibliothèque nationale.

Ce 28 mars, une douzaine de poètes y seront à savoir Ikaloyna Vony, Joey Aresoa, Hemerson Andrianetrazafy, Iriana Akoranampisoro, Narilala Ludovic, Ny Hasina Ratsimbazafy, Aina Nirina, Ezra S., Ny Peniko, Ny Andriniela, Mero Kosiky ary Zazangaly.

Comme à l’accoutumée, les spectateurs auront l’occasion de côtoyer ces poètes, après le recueil. D’ailleurs, un feu de camp pour une nuit de poésie clôturera cette séance de « Zara Fanahy » ou « partage d’esprit ».

Le mois prochain, précisément, le 8 avril, sera organisé le « Sahoby » ou « festival » au CMDELAC à  Analakely avec la participation de 25 poètes qui ne sont pas forcément des membres du Faribolana Sandratra.

Cette célébration sera suivie de celle du 15 avril à la Bibliothèque nationale, salle Gisèle Rabesahala avec la participation de quelques associations à savoir Faribolana Sandratra (Rima, Meva, Elinivo, Kens, Sunny, Jery, Ikoloina), Havatsa/Upen (Vina Randra), Mpizaka Stelarim (Narilala), Korira (Bade) …, ainsi que les poètes qui ne sont membres d’aucune association comme Ikaloyna Vony, Soratra Fanahy, Penina, Ragasy, Fitia Asakasaka, Rary Mampionona, Noe Ranirinjato, Ilo, Misa, Masoandro, Diary, Odyaina, Feno, Tolotra Ramihary et Tsiahy Andrianina.

Par ailleurs, Faribolana Sandratra rendra également hommage à Solofo José. Cette séance se tiendra ce 25 avril, toujours au CGM à Analakely dont le thème sera Hiratry ny Kintana » (brillance d’une étoile).

Il est à noter que Faribolana Sandratra a également tenu diverses manifestations dont celle qui s’est déroulée, le 10 mars dernier à Tsiroanomandidy, sous l’assistance de plus de 900 élèves et étudiants, issus de plusieurs établissements scolaires, dont le lycée catholique, Tanjona, Académie, Adventiste, La Fontaine, Fanirisoa, Swel, Tsiroanomandidy et Ankadinondry.

Le 11 mars dernier, Faribolana Sandratra a également participé à la séance organisée par l’Alliance Française d’Antananarivo intitulée Insurrection poétique et Montage poétique avec le concours de Tiana Rainitelo.

Recueillis par Faly R.

Culture | 23/03/2015

18 Jun 2015

Journée Nationale de la poésie comorienne

 

Comme tous les ans, la Journée Mbaye Trambwe a été célébrée dans son village de Koimbani chef - lieu du  Oichili ce 17juin2015. Une foule nombreuse a pris part à cette cérémonie  qui a connu la présence des autorités de l’île comme ceux de l’Union. Cette année la célébration a été marquée par la remise de diplômes résultant de concours de danses traditionnelles, et de la veillée poétique qui s’en est suivi L’Association des Poètes et écrivains comoriens ‘’Pohori Kalam’’ a été représenté par Aboubacar ben Saïd Salim, pendant que MAB Elhad a honoré de sa présence au nom de la Délégation Euro poésie Comores, à cette rencontre consacrée à la poésie comorienne. Crée sous le règne du Président Azali Assoumani par Arrêté du Commandant Sidi alors Ministre de l'Education, la Culture,Jeunesse et Sport; 15 ans déjà que cet hommage à la poésie comorienne fait son bout de chemin.

Ce fut une foule d’hommes et de femmes enthousiasmée, dans leurs beaux vêtements de fêtes qui a pris part à la XVème anniversaire de la Journée Nationale de la Poésie comorienne, qui s’est tenue sur la Place de la Fondation Mbaye Trambwe, Prince & poète.

MBAYE TRAMBWE reveille toi, ils ont délaissé ton oeuvre !

La cérémonie qui a débuté par la remise de certificats aux meilleurs groupes de danses traditionnelles, en guise de clôture de différentes activités socioculturelles menées depuis vendredi dernier en hommage à Mbaye Trambwe.

S’en est suivi des allocutions du Commissaire  à l’Education de Ngazidja, Mr Boina, a rendu hommage aux jeunes de cette ville et a loué les efforts de la structure connu du nom de Fondation Mbaye Trambwe, pour les efforts consentis par ces jeunes dans la rénovation des lieux et leur dévouement en faveur de la conservation et la protection de notre culture.

Viendra le tour, de  Aboubacar Ben Said Salim, Président de l’Union des poètes et écrivains comoriens, en l’occurrence l’Association ‘’Pohori-Kalam’’ dans son allocution ce poète et écrivain a tenu a souligner l’importance et le rôle joué par Le Prince-poète Mbayé Trambwe, il a insisté sur la nécessité de voir l’œuvre de cet illustre penseur du XVIIIe siècle  conserver  comme ce fut le cas pour  les poètes français de son époque. Il n’a pas manqué de citer l’exemple de Rousseau et de Voltaire dont les œuvres font référence jusqu’à cette période contemporaine. Il a saisi l’opportunité pour montrer l’intérêt que peut apporter cette poésie d’expression comorienne dans la valorisation et l’enrichissement de la langue comorienne.

Pour MAB Elhad Délégué de l’Association International ‘’Euro poésie’’ en Union des Comores, il a déclaré que la ‘’Journée nationale de la poésie comorienne du nom de ‘’Mbae Trambwe’’ ne doit pas rester l’apanage du village de Koimbani et de sa région, Mbayé Trambwé ayant marqué l’histoire nationale, durant son règne de Prince et d’illustre poète. Il a revendiqué la nécessité pour les autorités de l’île comme ceux de l’Union à dépasser les discours pour accorder une importance effective à cette poésie comorienne qui s’essouffle, et ceci se fera  à travers cette journée de la poésie nationale. Brandissant ‘’l’Anthologie de la poésie comorienne du XVI es  au XX siècle’’ écrit par Damir ben Ali et Moinaéchat Cheikh aux éditions Cœlacanthe, MAB Elhad a revendiqué plus de considération à l’endroit de cette littérature qui reste méconnue par les siens, en précisant que cette anthologie  constitue une référence dans les annales de l’histoire de littérature comorienne qui se cherche et que cet œuvre poétique vient à point nommé ayant été publié dans cette période de la célébration de la poésie comorienne. Il a enfin demandé que cet œuvre soit introduit au programme national de l’enseignement, avant de finir par la lecture d’un poème.

Intervenant à son tour, l’ex-président de l’Assemblée Nationale Hamidou Bourhane a tenu à préciser qu’il a durant son mandat à l’Assemblée instauré une Medaille Mbaye Trambwe, en l’honneur de cette illustre personnalité, et en hommage à la scène culturelle comorienne. Il a précisé que la première personne à avoir bénéficié de cette médaille, est l’Ex-Gouverneur et ex-Ministre Said Hassane Said Hachim, pour services rendus à la nation comorienne, ainsi que 3diplomates de passage dans le pays.

Puis vint le tour au notable Ali Abdoulhamid, qui après un bref aperçu sur le règne du prince Mbaye trambwe, et l’impact de sa immense œuvre poétique sur son époque, a tenu à confirmer la carrure de cette personnalité, en confirmant que si sa résidence a été à Koimbani, Mbaye trambwe a joué un rôle majeur quant à l’instauration de la paix et n’a pas manqué de préciser que cet illustre poète s’est toujours considéré comme étant de toutes les régions de l’île où partout il avait bénéficié d’un surnom typique.

Pour le Directeur de cabinet  du Ministre de l’Education, accompagné de Mme Roukiat représentant la Directrice de la Culture, des efforts seront consenti par le Ministère de l’Education en faveur de l’organisation de cette célébration qui connaitra une envergure nationale désormais, et s’est engagé à ce que dès l’année prochaine la poésie comorienne et en l’occurrence l’œuvre de Mbayé Trambwe soit introduit au programme scolaire

                                                                                         Rouhaymat Mohamed 

15 Jun 2015

Questionnaire de Proust À MAB Elhad

1Quel est le principal trait de votre caractère ?

L’Optimisme, l’impatience

2 Votre qualité préférée chez un homme ?

L’ouverture

3Votre qualité préférée chez une femme ?

La franchise et la discrétion

4Votre principal défaut ?

Une naïveté dans la confiance aux autres

5 Votre principale qualité ?

La confiance 

6 Ce que vous appréciez le plus chez vos amis ?

Le respect de la personne !

7 Votre occupation préférée ?

La lecture.

8Votre rêve de bonheur ?

Voir mes enfants grandir.

9Quel serait votre plus grand malheur ?

Mourir avant l’âge.

10Ce que vous voudriez être ?

Un écrivain.

Si vous n’étiez pas vous, qui

Seriez-vous ?

Un pigeon voyageur

11 La ville où vous désireriez vivre ?

Moroni.

12 Votre couleur préférée ?

Le bleu  turquoise et le rouge bordeaux.

13Votre fleur favorite ?

La rose.

14Votre oiseau préféré ?

La Colombe.

15Vos auteurs favoris en prose ?

St Exupéry, Gorki, Naguib Mahfouz,Tahar Ben Jelloun.,

 Sembene Ousman., Camara Lay.

 

16Vos poètes  préférés ?

 Louis Aragon, Victor Hugo, Senghor, Alfred de Musset,

Alfred de Vigny,  Rimbaud, Verlaine, Abou Nowas,

Qays ibnal-Moulawah dit Madjnoun Layla,

Jean Joseph Rabéarivelo, J.Rabemanajara, Guillaume Apollinaire.

17 Vos conteurs préférés 

Salim Hatub, Abdéremane Said Mohamed, Jean De La Fontaine

18 Vos compositeurs préférés ?

Mozart, Jean Michel Jarre, Schubert, Ravel,

Baaba Maal, Louis Mendoza, Ray Charles,

Farid Youssouf, Maalesh, Boule des îles.

19Vos peintres favoris ?

Modali, Botembe Minbayi Lita, José Kankinda

Lema Kusa du Congo. Picasso, Ibrahim S.Bacar

20 Vos prénoms favoris

 Iqbal, Mdjanahayiri

21 Vos héros dans la vie réelle ?

Le prophète Mohammad. Charles De gaules

Et Said Mohamed Cheikh

22Vos héroïnes dans la vie réelle ?

Ma mère, ma femme.

23 Ce que vous détestez par-dessus tout ?

L’hypocrisie.

24 La reforme que vous estimez le plus ?

La loi portant adoption du Code de la famille aux Comores

25 Le don de la nature que vous aimeriez avoir ?

 Une bonne mémoire et de l’intelligence

25 Le personnage historique que vous n'aimez pas ?

     Adolf Hitler.

26 Les faits historiques que vous méprisez le plus ?

    Les génocides, les sécessions,

27 Le fait militaire que vous estimez le plus ?

Le débarquement de Normandie. Celui d’Anjouan

28 Comment aimeriez-vous mourir?

Sur un tapis de prière dans la position du témoignage de la foi

La ‘’Shahada’’.

29 L'état présent de votre esprit ?

Serein

30 La faute qui vous inspire le plus d'indulgence ?

L’ignorance

31 Votre devise ?

« Point n’est besoin d’espoir pour entreprendre, ni de réussite pour persévérer. »

Propos recueillis par  La Gazette des Comores

15 Jun 2015

REVUE DE PRESSES ET RÉACTIONS SUR LE LIVRE

artiste concerné
[Elhad Mab]

Comores 

livre  poésie | Comores | parution le 08/06/2004

 

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Ce recueil de poèmes (la plupart en français) est une œuvre soutenue par le souffle de la révolte. Le poète y chante son amour pour la mère patrie, son souhait de voir l'océan indien devenir réellement une zone de paix, son nationalisme par rapport aux problèmes qui secouent le pays, l'indépendance, mais aussi l'épanouissement de la femme comorienne, sa vision de la francophonie, la liberté, etc.

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Liste des messages liés à ce livre :

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Clicao Réunion | 03/12/2005
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La Calligraphie de Mab Elhad

Nabahane du journal Alwatwane | 02/12/2005
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Pour tous Contacts

Sakfofana | 02/12/2005
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Exposition sur l'Enfant Comorien

Nabahane Alwatwane | 01/12/2005
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Un Képi emplumé

 

Naki Mattoire | 01/12/2005
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Poète de l'image

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Parution de Kaulu la mwando

 

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La Poésie Indocéanique

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Rouhaymat Mohamed | 01/12/2005
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Inaya-Masiwanet | 01/12/2005
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Mon premier contact avec ton livre

 

Adjmael | 27/06/2005
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Les droits de l’enfant.  Exposition photos de Mab Elhad                                par Sast  Le Matin des Comores du Samedi 2 Novembre 2002

 

·        Quinzaine Mab Elhad à l’Alliance Franco - comorienne.                                                                         La Gazette des Comores n°220 du 2 mars 2004                                                                                                               Et si la première parole était Kaulu la mwando                                       L’Archipel n°199 du  08 Avril 2004

 

 

 Sur L’AUTEUR:

·       Sous l’uniforme le gendarme                                                                       LGDC n°206du 11 /02/2004

·        Premier recueil de poèmes de Mab Elhad  par A Nabahane                  Alwatwan n° 816 du13 Février 2004       

·         Le Poète et le Gendarme par F.C le Quotidien de La Réunion               du mardi 26 Octobre2004

·        Face à face élèves poètes par Y.M  Le Journal de l’île du Samedi         26 novembre 2005

·        MAB Elhad  a représenté les Comores au FIPO 2005                   par M.Soilihi Ahmed   Alwatwan n° 908 du 25 novembre  2005

·        De l’homme de loi à l’homme de lettre  par Kamal Eddine Saindou             

 

·        Premier recueil de poèmes de Mab Elhad  par A Nabahane                  Alwatwan n° 816 du13 Février 2004       

·         Le Poète et le Gendarme par F.C le Quotidien de La Réunion                            du mardi 26 Octobre2004

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·        MAB Elhad  a représenté les Comores au FIPO 2005 par M.Soilihi Ahmed   Alwatwan n° 908 du 25 novembre  2005

·        De l’homme de loi à l’homme de lettre  par Kamal Eddine Saindou              Kashkazi

·        Chorégraphie : Alwatwan  n°807 du 12 décembre  2003

·        Mab Elhad sur le sentier de la  calligraphie par  A .Nabahane                    Alwatwan n°849 du 1er octobre 2004

15 Jun 2015

REVUE DE PRESSES

Mab Elhad, ses photographies en surimpression, ses instantanés de la société comorienne, ses vers parfois  exaltés, parfois apaisés,  sa philosophie et sa culture disent tout simplement  l’universelle vérité que rien n’est tout blanc, ni tout noir ….c’est en tout cas  une bonne raison  pour ne jamais désespérer.

Mab Elhad est un résumé de la complexité comorienne. Il manie la matraque au boulot et la plume du poète lorsqu’il quitte son uniforme de gendarme. Mais rien n’est incompatible dans un pays baigné de spiritualité.

Le Quotidien de la Réunion du mardi 26 Novembre 2004

Pour être gendarme, Mab Elhad n’en est pas moins poète. Après avoir été publié dans une anthologie de la poésie Comorienne aux éditions L’harmattan et dans un recueil collectif paru dans le cadre du programme Bantu (CICIBA) il présente son recueil ‘’ Kaulu la mwando’’ publié aux Editions Komédit qui réalise un gros travail dont une poésie engagée, tout en restant romantique, à la croisée de la poésie écrite, en français et en comorien.

Comme le sous préfet aux champs, le Gendarme Mab Elhad versifie……

La plume s’est aiguisée, les mots se sont affirmés les idées se sont faites plus fortes, la diversité s’est installée …

Mais le mieux est sans doute encore de lire Kaulu la mwando et de se laisser bercer par la magie des mots.

La Gazette Des Comores (LGDC)

Quotidien d’information Général n° ­206 du 11/02/04

Écrits entre 1980 et 2002, les trente six poèmes du recueil, « puisent dans l’identité Comorienne….Poète éclectique, son inspiration surplombe le quotidien qu’il côtoie. L’amour forcement, et la femme évidement. Insolite ‘’Ma Rémanence’’

L’on oublie un peu vite qu’avant de visser son képi sur le crâne, Mab Elhad a été conducteur agricole. La culture à MTV (Mtsangani Télévision) c’est lui, lui le passionné de photographie. Mab Est multiple : gendarme poète, poète et / ou gendarme, artiste, Calligraphe aux choix, sinon les deux à la fois. Multiple en tout cas. Gendarme poète il est l’un et l’autre passe de l’un à l’autre comme il passe du français au Comorien ‘’

 

 

 

 

 

 

Un képi emplumé

Du fond du Karthala nous provient un poète qui sait mêler à merveille les paradoxes.

Kaulu la mwando (MAB ELHAD, éditions Komedit), littéralement " parole première " est le premier recueil du gendarme poète Mab Elhad. Entre la garde des institutions qu'il pratique quotidiennement et l'envolée vers le lyrisme, il n’y voit aucune contradiction. A toux ceux qui prétendent que ces deux activités (la plume et la matraque) sont difficilement conciliables, notre poète répond sans ambages que son seul objectif est la recherche de l'harmonie, et plus particulièrement servir le peuple et la paix en laquelle il est profondément attaché. Il nous invite à percer sa communauté de gens d'armes, celui qui se sert des armes, pour éviter des larmes. Nul doute que le poète est en quête par le biais du désordre des sens provoqué par sa poésie, est en quête de la liberté. Liberté pour lui même en tant qu'homme d'ordre et de normes. Nous voilà devant la tentative purement humaine d'aller toujours au delà des catégories de la vie quotidienne. Si la liberté est ce qu'il chérit de plus, elle est également indispensable à la grandeur de sa nation. Avec Mab Elhad, nous sommes dans la lignée des grands poètes défenseurs de la liberté qui selon Eluard sont nés pour la nommer, donc la connaître et la vivre pleinement. Cette exigence de liberté ne peut se faire sans le respect d'autrui. Le tendre baiser destiné à Bichara nous émeut dans l'humilité du message, qui loin d'être simple, nous enclins à la tolérance et au respect d'autrui. Liberté  signifie  également pour lui, un engagement pour des causes nobles et justes. La Crise, évoque la balkanisation des Comores et les relents séparatistes qui menacent notre pays. Il prend fait et cause pour l'unité nationale. " La famille est en crise/ l'une des sœurs est partie sur un coup de tête/ l'autre, un mauvais rhume l'a prise/ le troisième se cherche et fait sa quête/ La grande, partagée/ étouffe dans son coin........Toute honte bue/ la première des quatre sœurs fit son choix/ l'autre s'est dite: divisons nous, pour mieux hériter". Mab Elhad ne reste pas indifférent des soubresauts de la politique internationale. Il l'exprime d'une manière forte et émotionnelle sur un poème dédié à Mohamed Al-Dora, jeune palestinien de 12 ans abattu sauvagement par l'armée israélienne. "Tu n'es pas mort mon fils/C'est l'innocence qu'ils ont tué/ de leurs balles criminelles et sionistes. Ton sang béni a arrosé nos cœurs/ pour que l'espoir un jour éclose!/ Et que sur la Palestine naisse la paix». Sa poésie nous emmène dans des cieux où les mots d'ordre sont beauté, amour, famille, insularité, unité de la nation, amitié et fidélité. Il est sur que dans un contexte mondial tel que nous le vivons, nous ne pouvons rester insensible à la rythmique poétique provoqué par ce sulfureux poète comorien, qui reprend le flambeau de Mbayé Trambwé, le temple de la poésie comorienne, ses oncles  et cousines  Hamada Mboréha, alias Roupiya Chenda, Mattoir Ahmed et Masséande Allaoui.Il est vrai qu'on peut lui objecter en tant que gendarme, il se doit de se rattacher à une certaine réalité indispensable à la protection des biens et des personnes physiques et non pas des symboliques. Nakidine MATTOIR  Le 24 février 2004

Entendue sur R.F.I

 

 

15 Jun 2015

MAB Elhad à la tête de la préfecture du centre de la Grande Comores

NATION Page 2  Alwatwan N°1312 du 6 Mai 2009

 La préfecture du centre de Ngazidja (Bambao et Hambou) a un nouveau patron. Abderemane Boina Mohamed ou Mab Elhad devient ainsi le 11e préfet de Moroni. Le lieutenant de gendarmerie vient donc de solliciter sa mise à la retraite après vingt deux ans de service sous les couleurs de la gendarmerie nationale. L’homme a un parcours atypique.  A son retour de France avec le diplôme de technicien agropastoral, il a d’abord occupé le poste de chef du département des provix (produits avicoles) à la station avicole du Centre fédéral d’appui au développement rural (Cefader) à Daché de 1985 à 1987. Il intégrera, ensuite, les rangs de la gendarmerie nationale en avril 87 et poursuivra plusieurs formations, notamment en investigations, en recherches criminelle et lutte contre la drogue. Titulaire de diplômes d’officier de police judiciaire (OPJ) et de qualification supérieure de la gendarmerie (DQSG), le lieutenant Elhad, a occupé successivement les fonctions de directeur adjoint de la Brigade mixte Anti-drogue (Brimad), d’officier de commandement, responsable de l’Administration et du Fichier central de renseignements judiciaires, au Commandement de la gendarmerie. Le nouveau préfet de Bambao - Hambou compte mettre à profit l’expérience acquise tout au long de sa carrière de gardien de la paix civile. Parmi les missions urgentes qui lui incombent il cite “la rénovation de la préfecture qui est complètement délabrée physiquement et administrativement, mettre un peu d’ordre sur la voie publique de la capitale et la bonne gestion du patrimoine de la circonscription, avant de prendre à cœur mon domaine de prédilection qui est aussi la culture…’’. Il a du accepter ce poste car pour lui “seuls les gendarmes peuvent garantir la paix et la sécurité populaire en marquant le temps et l’espace d’un pays ou d’une circonscription comme la nôtre’’.

Abderemane Boina Mohamed est aussi un homme de culture, un passionné de l’image et de la poésie. C’est ainsi que de la photographie, il a évolué vers la peinture, la poésie et la calligraphie avec comme nom de plume Mab Elhad. Le gendarme, poète, photographe et artiste a participé à plusieurs expositions de peinture et ateliers d’écriture artistiques dans le pays et dans la région. Des extraits de poèmes de son recueil “Kawulu la mwando” figurent sur les billets de banque comoriens notamment sur  les coupures de  1000  et celles de 2000 FC. Le préfet Abderemane Boina Mohamed est père de trois enfants, nous lui souhaitons plein de succès dans ses nouvelles fonctions.

NourEl-Fahad

15 Jun 2015

La Poésie Ma gloire Ambourhouët-Bigmann

La poésie est de loin le genre littéraire gabonais le mieux fourni. Bien avant les indépendances, nombreux étaient les Gabonais à produire des œuvres n'ayant rien à envier à celles de la métropole. Les poèmes de Ndouna-Dépénaud Passages, Rêves à l'aube, de Georges Rawiri Chants du Gabon sont bien connus des écoliers du Gabon.
      Depuis plus de trois décennies, Pierre Akéndéngué chante ses œuvres avec celles de son ami, Pierre Edgar Moudjégou (ou Magang-Ma-Buju-Wisi), auteur du Crépuscule des Silences et de Ainsi parlaient les anciens. Mais d'autres poètes marquent : Joseph Bill Mamboungou ; Odounga Pépé ; Quentin Ben Mongaryas, Okoumba Nkoghé…
      Hormis Edgar Moudjégou, Diata Nduma s'impose comme autre grand nom de la poésie gabonaise, véritable "maître", connu et méconnu, et toujours pas publié à ce jour, malgré la qualité de recueils comme Soleil Captif et surtout Thanatéros et Missoko.

A l'heure où la qualité littéraire des oeuvres gabonaises est encore mal appréciée, Pourquoi, ne pas faire publier des recueils comme Missoko, Thanatéros et soleil captif de Diata Duma? Cela fait des années que nous lecteurs, attendons avec impatience la publication de cet auteur dont les textes fascinent ceux qui ont eu le privilège de lire le manuscrit.

Autour de la poésie Guy Merlin Nana Tadoun

Deux interrogations sous-tendent notre réflexion : Qu'est-ce que la poésie ? Pourquoi écrit-on ? Essayer de ne définir que la poésie prendrait des jours et des semaines. Alors, il s'agira pour nous de donner un aperçu d'ordre terminologique, de nous pencher sur les objectifs de l'écrivant, c'est-à-dire sur le pourquoi écrire qui, évidemment, intègre le "pour qui écrire", et sans doute " comment ?".   

Qu'est-ce que la poésie ?

      Tout comme la plupart des concepts importants tels Dieu, Homme, Philosophie, il n'existe pas de définition univoque ou standard de la poésie. Au vrai, il n'existe que des considérations diverses, approximatives mais complémentaires. Parmi les genres littéraires ou catégories autour desquelles se classent les œuvres de l'esprit, se dresse la poésie qui implique un art ou une technique dont l'objectif premier est de produire la beauté et dont la matière première est le mot, agencé d'une manière particulière, poli, transmué, métaphorisé. Le vocable poésie, d'après une perspective étymologique, dérive de la lexie grecque "poieîn" dont le sens est faire, forger ou fabriquer. Selon le petit Larousse, c'est " l'art de combiner les sonorités, les rythmes, les mots, d'une langue pour évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions". Comme manifestation de la beauté idéale ou "peinture qui se sent au lieu de voir" (Vinci), la poésie, "c'est le chant intérieur" dit Chateaubriand : " des mots rayonnants, des mots de lumière, avec un rythme et une musique, voilà ce qu'est la poésie", conclut le parnassien Théophile Gautier. Carlos Bousoño le considère comme une perpétuelle "modification de l'usage". Et c'est là que réside, pour nous, l'une des caractéristiques essentielles du texte poétique qui n'est rien d'autre qu'un langage fait d'écarts, oui, d'écart par rapport à la norme. Force est de signaler que nous ne parlons pas de norme qui lui soient relatives ou intrinsèques telle la rime ou la versification classique en général. La norme dont nous parlons est du domaine de la linguistique et plus précisément de l'organisation de la phrase. Si j'ai bonne mémoire, en grammaire française, anglaise ou espagnole par exemple, les composantes immédiates de la phrase se trouvent dans le rapport sujet plus verbe plus complément. D'où la nomenclature: P= S+V+C

Exemple: John came this morning

Jean est arrivé ce matin,

 Juan ha llegado seta mañana.


Toutefois, il faut rappeler que très souvent, en poésie voire dans certaines proses dites poétiques, le respect de cette structure n'est pas nécessaire. Ainsi, l'amoureux de la beauté se crée un univers nouveau où sa norme à lui reflète le flux et le reflux de sa pensée, " the stream of the consciousness" comme diraient les anglais, univers où la parole, parce que reconsidérée, travaillée, rythmée et rimée, acquiert un pouvoir incantatoire pour nous faire accéder à un monde émouvant susceptible d'allécher l'oreille des êtres sensibles. L'harmonie des voyelles, l'agencement magique des consonnes conduisent le lecteur vers l'extase poétique où plutôt vers ce que Roland Barthes appelle "plaisir du texte" plus ou moins semblable au plaisir du sexe.


      On peut donc voir que l'écart dont nous parlions est de nature stylistique et est rendu possible au travers de ce qu'on appelle communément figures de style. La liste d'ailleurs infinie de ces ressources littéraires est loin d'être évoquée ici. Disons plutôt , pour redéfinir la poésie, qu'elle est un discours essentiellement rythmique et métaphorique, donc symbolique ; la métaphore étant " le fait de rapporter la signification d'un mot à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison sous-entendue".
      Si la poésie est de nature symbolique, si elle est par excellence le langage des écarts, si s'écarter des normes revient à dérouter un tant soit peu le lecteur, et si écrire c'est vouloir communiquer une expérience aux autres, faire appel à la conscience d'autrui, il convient de se demander pour qui écrit le poète. Répondons avec Sartre qu'on écrit pour le "lecteur universel". Or la capacité d'interpréter les signes d'une oeuvre littéraire dépend le plus souvent du niveau intellectuel des récepteurs. Mais il est des écrivains qui, volontairement, écrivent pour une classe réservée d'élites. Cette poésie sera dite élitiste ou hermétique et convergera vers une minorité. Néanmoins, il est impératif de préciser que cet hermétisme ne dépend pas, comme on le croit toujours, de l'usage des mots rares ou des néologismes à résonance grandiloquente. La véritable difficulté du poème réside dans sa fabrication, dans sa construction sujette aux écarts dont il a été fait mention ; car le bon choix et la bonne manipulation des mots peuvent être révélatrices de profonde beauté. C'est dans ce sillage que Jean Bellemin Nöel remarque que " les mots de tous les jours, assemblés d'une certaine manière, acquièrent le pouvoir de suggérer l'imprévisible, l'inconnu…", bref, le merveilleux.
      Pour illustrer nos propos, revisitons à présent ces vers de Paul Verlaine : "Les sanglots longs/ Des violons/ De l'automne/ Blessent mon cœur/ D'une langueur/ Monotone./ Tous suffocant/ Et blême, quand/ Sonne l'heure, / Je me souviens/ Des jours anciens/ Et je pleure:/ Et je m'en vais/ Au vent mauvais/ Qui m'emporte/ Deçà, delà/ Pareil à la feuille morte". C'est dans ces vers de Verlaine qu'on retrouve le pouvoir réel de la poésie qui est une sorte de litote. Tout se résume en quelques mots simples et beaux. Pour le poète français, l'automne, antérieur à l'hiver non mentionné connote la vaporisation du bonheur connu en été. Moment de la chute des feuilles, il est synonyme de crépuscule et est la métaphore de la mort. C'est une sorte de bourreau dont l'ombre provoque nostalgie et pleurs. Le poète pleure parce qu'est venu le moment de se recueillir dans le poème et de se souvenir. Pathétiques et évocatrices sont les nombreuses allitérations en [o] dont la fonction est d'éveiller en lui l'instinct de finitude qui tisse le temps qui passe irréversiblement.


     

Pourquoi écrit-on ?

      La poésie, comme art, n'est pas une activité ex nihilo. Si pour les parnassiens l'activité littéraire se réduit à l'Art pour l'Art, ou pour le beau, pour les partisans de la littérature dite engagée, l'écrivain, en tant qu'animal social, est appelé à se mouvoir dans un espace qui a ses réalités aussi bien positives que négatives, désastreuses que prometteuses. Il doit s'engager, au sens Sartrien du terme, c'est-à-dire "mettre sa plume au service de la nation". "Il n'est donc pas vrai, note Jean Paul Sartre, qu'on écrive pour soi même : ce serait un pire échec. Il n'y a d'Art que par et pour autrui. Ecrire, c'est faire appel à la liberté du lecteur pour qu'il fasse passer à l'existence objective le dévoilement entrepris par le moyen du langage. Ecrire c'est dévoiler, et dévoiler c'est changer. L'écrivain a choisi de dévoiler le monde aux autres hommes afin que ceux-ci prennent en face de l'objet ainsi mis à nu leur entière responsabilité". Dès lors, on peut dire, comme le professeur Njoh Mouellé parlant de l'activité philosophique que la poésie " naît d'une conscience angoissée, d'une conscience sommée de s'adapter à un univers devenu étranger, inhabituel. La poésie naît des situations troubles". Le poète est semblable à un philosophe parcourant l'existence et axant sa réflexion sur cet animal complexe et " à problèmes" qu'est l'Homme.
      Par ailleurs, force est de remarquer que ces soi-disant partisans de l'Art pour l'Art étaient eux aussi engagés, si engagés, à leur manière bien sûr, que leur conception de la poésie s'est érigée en idéologie : écrire pour une seule idée : remettre la poésie à sa beauté originelle, en exerçant un réel travail sur les mots, la poésie étant un "langage à part".
      Maintenant, il faut conclure, essayer de conclure en disant : de l'Art pour l'Art à l'Art pour l'Homme, n'y aurait-il pas un terrain d'entente, une sorte de juste milieu à cultiver de nos jours ?  En réalité, dans ce monde sans repères où sont légion la guerre et l'intolérance religieuse, le terrorisme et la concupiscence, nous pensons que le poète d'aujourd'hui devrait faire siennes toutes les vicissitudes de la vie, tous les malaises de son siècle sans oublier, toutefois, que "la finalité de l'art réside dans la plénitude et dans la manifestation du beau" (Mol Nang). En problématisant l'Homme, le poète qui veut durer dans la permanence devrait, comme le poète espagnol Juan Ramón Jiménez, toujours se rappeler que par essence, "le poème doit être comme l'étoile qui est un monde et paraît un diamant".

Guy Merlin Nana Tadoun

 

 

 

15 Jun 2015

DÉBOULONNONS LES STATUES ET RÉHABILITONS LES GRANDES FIGURES DU CONTINENT

Qu'ils aient été héros ordinaires ou extraordinaires, personnalités intellectuelles ou politiques, la mémoire des grandes figures africaines est peu honorée sur le continent où certains sont même tombés dans l'oubli.

      Les écrivains africains ne devraient jamais mourir. Déjà peu considérés de leur vivant, ils tombent souvent dans l'oubli après leur mort.
      Leurs œuvres retournent régulièrement dans l'anonymat après leur disparition du fait d'une absence de réédition et d'un suivi des ayants droit. Pourtant, dans bien des cas, les premiers ouvrages de certains de ces créateurs ont souvent été produits dans leur pays d'origine, avant qu'ils ne partent en Occident, principal lieu de légitimation culturelle francophone, pour être publié. Or, ces écrits ne font jamais l'objet de réédition dans leur pays d'origine et les mises au programme scolaire restent rares. Le cas le plus connu reste le second texte de Ahmadou Kourouma, la pièce Le diseur de vérité, qui fut publiée en France par Acoria, maison d'édition fondée par le Congolais Caya Makhélé. Mais il y a d'innombrables autres exemples.


      Les négociations avec d'éventuels éditeurs européens restent rares et lorsque l'œuvre de l'auteur passe dans le domaine public, comme c'est le cas avec le poète malgache Jean Joseph Rabearivelo, mort en 1937, les textes ne sont pour autant pas réédités.


      Les héritiers ne sont pourtant pas véritablement un obstacle. L'exemple de la collection de L'Harmattan, L'Afrique au cœur des lettres le démontre. Créée par Jean Pierre Orban, cette collection a pour vocation d'éditer ou de rééditer des manuscrits ou des textes inédits d'auteurs africains reconnus. Après plus de cinq années d'activités, le constat tiré par Jean Pierre Orban est limpide : les héritiers et ayants droit n'ont jamais posé de problèmes d'ordre financier à l'édition des textes de leur proche. Ils ont toujours perçu cette collection comme une chance pour faire revivre la mémoire de l'auteur disparu avec lequel ils avaient des liens affectifs. Preuve qu'en Afrique, comme partout, les familles peuvent comprendre des arguments d'ordre patrimonial.

Des auteurs oubliés

     Mais, comment envisager des rééditions d'auteurs disparus quand celles de leurs premières œuvres n'a pas lieu de leur vivant. Les gouvernements africains qui ont d'autres priorités n'aident guère ce genre d'initiative, même de façon indirecte en mettant certaines œuvres publiées localement dans les programmes scolaires, ce qui a un effet bénéfique direct sur les ventes… De leur côté, la, la plupart des éditeurs africains, s'ils ont renoncé depuis longtemps à publier des textes littéraires préférant logiquement se spécialiser dans l'édition de manuels scolaires, négligent le parascolaire, terrain, il est vrai, bien occupé par les éditeurs mauriciens (Les classiques africains) et français (Hatier). L'accès du public africain à l'essentiel du patrimoine littéraire d'Afrique francophone reste lié au bon vouloir d'éditeurs basés en Occident (même quand il s'agit de la diaspora) car, la plupart du temps, seuls les ouvrages publiés au Nord restent disponibles sur le marché, mais à un prix hors de portée de la plupart des bourses locales. S'il s'avérait que l'œuvre d'un écrivain du continent ne soit plus éditée en France, elle serait alors inaccessible aux lecteurs de son pays d'origine (1).


      Cette indifférence vis-à-vis des écrivains du continent est également vraie au niveau mémoriel. Rares sont les hommages nationaux rendus aux principaux auteurs décédés. Peu d'entre eux ont donné leurs noms aux rues, avenues, boulevards ou autres bâtiments nationaux de leurs pays d'origine. Cette stupéfiante absence concerne l'ensemble des pays francophones du Sud. Pas de rue Boubou Hama au Niger, ni d'Antoine Bangui au Tchad. En Guinée et dans une moindre mesure au Sénégal, berceaux d'écrivains de renom, la situation est la même : pas de Alioum Fantouré, William Sassine, ni de Camara Laye sur les plaques des rues ou des maisons de la culture de Guinée-Conakry et peu d'hommages aux Mariama Bâ, Cheikh Hamidou Kaneou même Sembène Ousmane au Sénégal. À Maurice, il n'y a toujours pas, 28 ans après sa mort, de rue ou d'avenue Malcolm de Chazal et il aura fallu beaucoup de temps pour que le nom de Raymond Chasles soit enfin donné à une place de sa ville de Rose Hill (2).


      A contrario, les villes africaines regorgent de rues, d'avenues et de places portant des noms de politiciens locaux déjà oubliés par le public, de chefs de village n'ayant qu'une importance régionale, de chefs de guerre aux exploits tendancieux et de mausolées rendant hommage à des dirigeants à la réputation sulfureuse.


      Brazzaville a sa statue Marien Ngouabi, son stade Massamba-Débat, une statue et un stade au nom du Guyanais Félix Eboué. Mais nulle part, il n'y a de réel hommage à Sony Labou Tansi, Tchikaya U' Tamsi ou Martial Sinda(3), et si Pointe-Noire compte une statue en hommage à un certain Tchikaya, il s'agit du père de l'écrivain, Jean-Félix Tchicaya, premier député du moyen Congo sous la colonisation (4). Peu étudié à l'école, absent du mobilier urbain, tout cela entraîne une méconnaissance totale de son nom dans la population, comme le dénonce Léandre-Alain Baker : "Vous connaissezTchicaya U Tam'si ? Posée dans les rues de Brazzaville, la réponse devrait être évidente. Et pourtant : bien peu connaissent le plus grand poète congolais. Aucun ne l'a lu (5)". Un réel paradoxe à l'heure où la revue française Culture sud lui rend hommage dans son dernier numéro (6).
      De l'autre coté du fleuve, Kinshasa a son mausolée Kabila, sa statue Lumumba, mais on cherchera longtemps la moindre trace du poète Bolamba ou de l'écrivain Tchibamba. En Afrique de l'Ouest, Yamoussoukro et Abidjan comptent un nombre important d'édifices baptisés du nom d'Houphouët-Boigny, mais les institutions nationales portant le nom d'Ahmadou Kourouma sont quasi inexistantes, cinq ans après sa mort, alors que la France (à travers un prix littéraire) et le Canada, par un nom donné à une salle de spectacle, lui rendent hommage. Au Bénin, comme le souligne l'écrivain Florent Kouao-Zotti : "Les écrivains béninois, autant qu'ils sont, n'ont jamais inspiré les politiques du pays à baptiser de leurs noms des rues ou places de nos villes. Paul Hazoumè n'a jamais retenu l'attention de qui que ce soit, ni Olympe Bhêly Quénum, ni mêmeJean Pliya. (7)". En Centrafrique, aucune rue de Banguine porte le nom d'Étienne Goyémidé ou même celui de René Maran qui fit entrer le pays dans l'histoire littéraire avec Batouala. À Madagascar, peu de choses permettent de se remémorer les noms de Jean Joseph Rabearivelo ou Flavien Ranaivo. Il y eut bien un prix littéraire portant le nom du premier, mais en 1956, sous l'époque coloniale… Aux Seychelles, aucun élève des cours de l'Alliance française n'est capable de dire qui est Antoine Abel, quatre années après sa mort. De même, la plupart des Bibliothèques nationales africaines ne portent pas de noms propres (8) et les salles de lecture restent souvent anonymes, tout comme les salles publiques de spectacle, appelées palais du peuple ou palais de la nation.
      Il y a heureusement des exceptions. Au Mali, par exemple, deux lycées situés à Kayes (sa région natale) et à Bamako portent le nom de Massa Makan Diabaté (9). Le Palais de la culture, porte le nom d’Ahmadou Hampate Ba. Les Maliens, en ce sens, n'ont pas à rougir face à la ville de Paris qui n'a pas hésité à baptiser un square du 10ème arrondissement du nom de l'écrivain malien. Autre exemple, au Sénégal, où l'Université de sciences humaines a pris le nom de Cheick Anta Diop et où le quartier Farm est composé de rues portant le nom d'écrivains célèbres dont des écrivains de la négritude (Césaire, Damas) mais aussi du pays (Ousmane Socé Diop,Birago Diop). L'État a même racheté la maison d'habitation de Birago Dioppour en faire la Maison des écrivains Keur Birago (10).


      Dans l'Océan Indien, aux Comores, les billets de banque portent des citations du poète Mab Elhad (11) et le gouvernement a institué une journée annuelle de commémoration en l'honneur de Mbaye Trambwe, sultan - poète des 17ème et 18ème siècle (12).

 

 À Tananarive des rues portent des noms d'auteurs, même s'ils sont bien moins connus que ceux cités plus hauts : le poète et écrivain Freddy Rajaofera, le révérend père Callet où Paul Rafiringa, homme d'église par ailleurs mémorialiste de son époque.


      Mais proportionnellement au nombre d'auteurs qui ont apporté ses titres de noblesses à la littérature africaine, ces cas restent rarissimes… La plupart du temps, les hommages viennent d'initiatives privées. Il y a bien, par exemple, une Université Internationale des Sciences Sociales Hampate Ba à Abidjan, mais ce bel hommage d'un pays voisin émane d'une institution privée et non publique. Il y a également un Cercle Sony Labou Tansi à Brazzaville, dans le quartier Ouenzé, mais il s'agit là encore d'une structure privée, spécialisée dans les arts de la scène, qui organise notamment le festival annuel Mantsina sur scène en décembre (c'est dans ce lieu que l'auteur de théâtre Dieudonné Niangouna a donné ses premières représentations et résidences). De même, le Centre culturel Francis Bebey de Yaoundé est une initiative de poètes locaux, mais n'a aucun lien avec l'État, tout comme le collège privé qui porte son nom. Autre exemple, à Bandalungwa, l'une des communes de Kinshasa, la compagnie de théâtre L'écurie Maloba a baptisé le lieu qui l'accueille Espace Mutombo Buitshi (13). On peut y ajouter tous les clubs UNESCO qui honorent souvent des écrivains. Parfois, dans sa grande générosité, l'État concerné autorise un pays étranger à honorer la mémoire de l'un des siens. C'est le cas à Conakry, où le Centre Culturel franco-guinéen a pris en 2008 le nom du grand chanteur guinéen Sory Kandia Kouyaté.


      Mais les hommages officiels sont rares. Il est vrai que l'attribution des noms de rue obéit souvent à une logique qui dépasse l'entendement, le tout dans une certaine opacité. Pourtant, sans verser dans la vénération parfois morbide que l'on peut constater en France, tous ces pays de création ont besoin de ces lieux de mémoire, de ce puissant ferment identitaire facteur de cohésion. Une nation a besoin de personnages exemplaires auxquels se référer qui soient aussi des hommes de culture.
      

Des colons symboliquement présents

      Il est vrai que la place est souvent déjà prise… par diverses personnalités européennes. Attribuer des noms d'Européens à des rues de villes d'Afrique ne pose, en soi, aucun problème. Des rues Zola, Balzac ou Victor Hugo ne gênent personne, ces hommes de lettre ayant acquis une envergure qui dépasse leur pays. De la même façon, l'hommage que l'on peut rendre à des scientifiques ayant œuvrés pour le bien être des populations locales (c'est le cas par exemple du docteur Eugène Jammot et de sa lutte contre la maladie du sommeil) ou de l'humanité en général (Pasteur, Jenner) peut se justifier (14). Passons également sur les nombreuses avenues de Gaulle ou Kennedy qui ornent les capitales, justifiées par leur envergure internationale mais dont l'omniprésence peut agacer.
      Plus dérangeants sont les noms de colonisateurs toujours en vigueur dans les rues des villes africaines. Si Théophile Kouamouo s'en offusque sur son blog à propos de la Côte d'Ivoire "quel était donc ce pays où, à part Houphouët-Boigny, les édifices et les avenues ne portaient que les noms des anciens ou des néocolons ?" (15), ce phénomène concerne toute l'Afrique noire francophone et dans une moindre mesure, les villes du Maghreb.


      C'est le cas de Marchand qui a une avenue à Abidjan et Yaoundé, de Terrasson de Fougères qui a une avenue dans la capitale ivoirienne et un monument à Bamako, de l'allemand Nachtigal qui a donné son nom à des chutes et à des boulevards au Cameroun (alors que Francis Bebey et Mongo Beti (16) sont toujours ignorés par les autorités), de Faidherbe avec une avenue à Dakar et un pont à Saint Louis du Sénégal, de Monteil qui a sa place à Niamey, de Eboué qui a son avenue à Brazzaville, de Victor Ballot qui a également son avenue à Porto Novo. Jules Ferry, promoteur de l'école publique mais aussi principal artisan de la politique coloniale française au 19ème siècle, a sa rue à Dakar. Les exemples sont nombreux. Le clou ayant été la création du mausolée de Savorgnan de Brazza à Brazzaville aux frais de l'État congolais. Événement incroyable qui entraînera une réaction violente de beaucoup dont l'historien Théophile Obenga : "Puisque les Congolais n'aiment pas les Congolais, puisque les Congolais ont une haine politique vis-à-vis les uns des autres, ils préfèrent célébrer un homme politique étranger comme Savorgnan De Brazza, ça fait sens… C'est tout à fait normal que par un complexe d'infériorité, ils adorent un étranger, un étranger qui est un colonial… (17)" Cette charge virulente peut s'expliquer quand on sait que la dépouille de l'abbé Fulbert Youlou repose toujours en Espagne, que Loubomo fut rebaptisé Dolisie (du nom d'un planteur français) à la Conférence Nationale souveraine de 1991 (18) et que Brazzaville est l'une des seules villes au monde, avec la ville de Caen, à posséder un stade d'Ornano. On peut toujours arguer que Brazza est honoré en tant que fondateur (involontaire) du Congo Brazza, mais alors, dans la même logique, pourquoi ce silence sur le tirailleur Malamine, sergent de son état, qui garda le territoire durant des mois en l'absence de tout Européen, en particulier contre les appétits de Stanley qui dut s'incliner. Si on doit être "honnête" sur le plan historique, il est, tout autant que son patron, le véritable créateur de l'entité "Congo français"…. Pour le pire ou le meilleur.
      Tout cela fait réagir le cinéaste algérien Lakhdar-Hamina : "Dans certaines capitales d'Europe, des avenues portent encore les noms d'hommes qui ont ordonné des crimes épouvantables contre les Africains. Puis-je, à ce propos, suggérer que nos rues portent des noms de personnalités telles qu'Amadou Hampâté Bâ, Joseph Ki-Zerbo, Cheikh Anta Diop, Franz Fanon,Kateb Yacine, Sembène Ousmane ou Yousssef Chahine, sans oublier les chantres de la négritude Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire ? (19)"


      Bien sûr, tous n'étaient pas des massacreurs. Savorgnan de Brazza reste d'ailleurs un personnage intéressant, dans le contexte de l'époque. Mais pourquoi les honorer en Afrique alors qu'ils sont tombés dans l'anonymat en Europe (20) ?


      De même, phénomène curieux, les noms des principaux dirigeants français sont souvent attribués à des rues de leur vivant. Ce qu'explique Jean Pierre Dozon, dans son ouvrage Frères et sujets : "Sous l'apparence d'une grande famille fraternelle et solidaire, se perpétuaient en réalité des rapports de sujétion, héritiers directs de la vieille ambivalence hexagonale par laquelle on avait voulu assimiler tout en maintenant à distance respectable le monde indigène. Il fut tout à fait symptomatique qu'alors qu'Houphouët-Boigny jouait avec beaucoup de zèle le jeu de l'État franco-africain en faisant baptiser les plus belles artères d'Abidjan du nom de grands dirigeants de la Ve République ("Pont Charles-de-Gaulle", "Boulevard Giscard d'Estaing", "Avenue François Mitterrand"), nul ne songea au sein de la classe politique française à rendre la pareille à l'illustre défunt, c'est-à-dire à donner son nom à une artère parisienne, ne serait-ce qu'à une modeste rue. Elle s'était pourtant somptuairement mise en frais à ses funérailles. (21)"


     C'est d'autant plus choquant que ces noms ont souvent été donnés plusieurs décennies après l'indépendance. C'est par exemple le cas à Lomé où des rues ont été baptisées du nom de Mitterand, de Gaulle ou Pompidou en… 1989 (22).


      Enfin, les villes d'Afrique honorent des évènements et des personnages qui, à certains égards, ne les concernent que de très loin. Si le Maréchal Leclerc ne fut pas un officier colonial, doit-on pour autant conserver la statue dressée devant la poste de Douala avec sa plaque sur le socle (23) ? Tout cela ne fait que perpétuer le souvenir d'un évènement ("les trois glorieuses") qui a plus de sens dans l'épopée gaullienne de la résistance que dans l'histoire du pays proprement dite (24). Si on peut choisir de conserver ces hommages, peut-être pourrait-on en modifier les textes d'époque gravés sur les plaques et rappeler à cette occasion le sacrifice des hommes du continent (et du Cameroun) dans la libération de la France pétainiste. Par la même occasion, on pourrait aussi honorer, dans d'autres pays, la mémoire de héros africains de la seconde guerre mondiale, par exemple le Gabonais Charles N'tchoréré, capitaine de l'armée française, assassiné par les nazis en juin 40, ou le Guinéen Adi Ba, fondateur du premier maquis des Vosges, tous deux complètements oubliés dans leur pays d'origine.


      La première guerre mondiale a aussi laissé ses traces avec ses rues de l'Artois, de la Marne et de Verdun à Bamako et dans d'autres villes du continent. Ces noms de rues, attribués à l'époque coloniale, permettent d'honorer la mémoire des tirailleurs africains tombés par milliers au combat en les réintégrant dans la mémoire collective continentale. Le mouvement est d'ailleurs général : à Kinshasa, il y a toujours une avenue Saïo et une place de la victoire qui honorent des hauts faits d'arme de la force publique du Congo belge. Au Sénégal, en août 2004, le président Abdoulaye Wade (dont le père était tirailleur) a inauguré la place du tirailleur à Dakar (25) et a proclamé le 23 août "journée du tirailleur". Mais pourquoi toutes ces nombreuses avenues et rues Joffre et Foch à travers le continent, eux qui furent aussi des officiers coloniaux ayant écrasé des révoltes dans le sang ? Et surtout pourquoi ces avenues Général Mangin (en particulier à Dakar), du nom de ce militaire auteur en 1910 de l'ouvrage La force noire, qui fut le promoteur de l'enrôlement de 230 000 Africains en 1914 et 1915 (26) ?
      Il y a pourtant eu dans le passé, à l'époque des décolonisations et des mouvements de libération nationale, des vagues de débaptisation de rues et autres carrefours dans certains pays. Beaucoup de noms européens ont été remplacés. De même, chaque changement de régime apporte son lot de nouveaux noms, de bannissements et de déboulonnage de statues (27). Ce fut le cas dans les années 70, dans l'ex-Zaïre avec le mouvement de la zaïrianisation et cela reste un problème aigu en Afrique du Sud et en Namibie après la fin de l'apartheid (28). Mais d'obscurs "héros" de la colonisation ont simplement été remplacés par des "héros" de l'indépendance tout aussi inconnus et mystérieux (29).
      
Des hommes politiques auto statufiés

      Ce constat tient au fait que les hommes politiques africains se sont honorés entre eux, sans tenir compte des autres domaines de la vie publique que sont les arts, les sciences ou le sport. Cette tendance des dirigeants à s'honorer eux-mêmes avant qu'on ne les oublie, héritée d'une vieille habitude post-indépendance (témoin la période ubuesque des Mobutu, Bokassa et consorts), est toujours en vigueur. On peut citer, par exemple, le cas de Simon Compaoré, maire de Ouagadougou, qui fit baptiser une rue de son nom, mais aussi celui de l'ancien vice-gouverneur de Kinshasa (et ancien ministre de la culture) Muzungu qui fit nommer une rue de la commune de Limété du nom de son père : rue papa Christophe Muzungu. Au Togo, les noms donnés à des artères ou à des bâtiments sous Eyadema en vue de célébrer les faits marquants de son régime restent en vigueur (même si nombre de statues ont été déboulonnées depuis le début des années 90) :Evala du nom de la grande fête annuelle du pays Kabyé (ethnie de Eyadema), Pya du nom de son village natal, 24 janvier, date de "l'attentat impérialiste perpétré contre le guide éclairé de la nation (30)", 30 août ou le jour de la fondation du RPT (Rassemblement du Peuple Togolais), nouvelle marche qui est le slogan du RPT (et le titre de ce qui fut durant longtemps le seul quotidien du pays) sont venus s'ajouter à tous les noms célébrant le président Eyadema. Imitant Mobutu, il avait même baptisé le grand marché de la capitale, ainsi qu'une place, du nom de sa mère, maman Ndanina (Mobutu avait fait de même pour sa première épouse avec l'hôpital central de Kinshasa). Les Loméens n'avaient plus guère d'autres choix que de montrer leur indépendance d'esprit en n'employant pas les noms donnés par le régime. Peu, en effet, utilisaient le nom de "boulevard du 13 janvier" préférant l'ancien nom de "boulevard circulaire". Mais d'autres fois, les nouveaux noms ne sont que le résultat d'une pure ignorance, comme le rapporte l'éditorialiste Yacouba H. S. Ouédraogo dans le quotidien Le pays : "Quelle nuit a pu bien porter ce conseil à ces messieurs du comité de toponymie pour "fusiller" le président angolais Agostinho Neto et le remplacer par Joseph Ki-Zerbo ? Le géant historien du Burkina Faso, rappelé à Dieu le 4 décembre 2006 a dû certainement se retourner dans sa tombe. (31)"
      Cette attitude des pouvoirs publics peut s'expliquer par le fait que les "maîtres de la plume" n'ont pas toujours été des citoyens commodes pour les tyrans africains. De Mongo Beti à Camara Laye ou William Sassine, beaucoup ont dû s'exiler pour construire l'essentiel de leurs œuvres. Honorer leurs mémoires quand ils sont morts n'a guère de sens pour le pouvoir en place….
      Mais en réalité, dans la plupart des cas, il ne s'agit même pas d'un oubli volontaire. Il s'agit plutôt de la manifestation d'une certaine indifférence aux artistes et créateurs souvent réduits à l'exil. Les États africains n'ont jamais réellement joué leur rôle en matière de soutien à la création artistique. Peu aidés de leur vivant, les créateurs sont oubliés après leur mort. La boucle est bouclée !

Christophe Cassiau-Haurie

1. C'est le cas, par exemple, de Martial Sinda, premier poète de l'AEF, dont le recueil mythique, Premier chant du départ est épuisé voire invisible depuis une quarantaine d'années, du fait de la décision des éditions Pierre Seghers de ne pas le rééditer et l'absence d'éditeur à Bangui. Mais l'Afrique fourmille d'autres cas.
2. On peut d'ailleurs se demander à l'égard de Chasles, comme le fait son ami Alain Brezault : "Était-ce d'ailleurs le poète et l'homme de culture qui était ainsi honoré, ou le fin diplomate et politicien ayant défendu les intérêts économiques de son pays ?" (Échange de courriel avec l'auteur, avril 2009).
3. Son cas est plus normal, puisqu'il est encore vivant.
4. Statue que ne reniait pas le fils, fasciné par le parcours de son père.
5. Tchicaya, article de Léandre-Alain Baker sur http://www.africultures.com/index.asp?menu=revue_affiche_article&no=2464
6. Tchicaya passion, N°171, octobre - décembre 2008.
7. Echange de courriels avec l'auteur, 12 janvier 2009.
8. Si le théâtre national de RDC est de nouveau anonyme, après s'être appelé Mobutu Sese Seko durant plusieurs décennies, la salle principale porte le nom de Mongita, l'un de premiers hommes de théâtre du pays. Elle s'appelait auparavant salle du parti. Un autre théâtre de la capitale porte le même nom, celui situé dans l'enceinte du stade Cardinal Malula (ex-stade Reine Astrid).
9. Massa Makan Diabaté, né à Kita (le long de la ligne de chemin de fer Bamako - Dakar) en 1938 et décédé en 1988, est l'auteur de plusieurs ouvrages et textes de théâtre, dont la trilogie de Kouta et une pièce jouée après sa mort, Une hyène à jeun.
10. La maison de Senghor est toujours vide et inutilisée.
11. Il s'agit de l'un des rares cas où un homme de lettre du continent est honoré de son vivant. Un autre cas dans la région est le flûtiste malgache Rakoto Frah également honoré par des billets de banque.
12. Soeuf Elbadawi a rédigé une note bio - bibliographique sur lui : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=2534
13. L'un des plus grands metteurs en scène d'Afrique, mort en 1995.
14. D'autant plus que, si on prend le cas du docteur Jammot, certains sont complètement tombés dans l'oubli dans leur propre pays (en l'occurrence, la France).
15. http://kouamouo.afrikblog.com
archives/2007/11/18/index.html
16. Alors qu'il existe une librairie Mongo Beti à Bondy, dans la banlieue parisienne.
17. http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=1164
18. La proposition de rebaptiser N'kayi en Jacob (nom du colon qui créa cette agglomération) ne fut pas suivie d'effets….
19. Jeune Afrique, N°2499, du 30 novembre au 6 décembre 2008.
20. Dans le cas de Savorgnan de Brazza, peut être peut on aussi y voir, à un siècle d'écart, une démonstration de la solidarité maçonnique qui unit Sassou Nguesso à son "frère" Savorgnan.
21. Jean Pierre Dozon, Frères et sujets, 2003, Flammarion.
22. Au passage, Kpalimé, du nom de la capitale du pays éwé (ethnie opposé au président), disparaissait du paysage urbain de Lomé.
23. La statue du maréchal fut nettoyée aux frais de l'Etat camerounais en 2001, à l'occasion du sommet France - Afrique. La coopération française, qui avait prévu la dépense dans son budget n'était pas au courant.
24. Le maréchal Leclerc a également une place à Dakar
25. Le fameux monument Samba-Dupont, datant de l'époque coloniale, se trouve au centre de cette place.
26. Mangin est considéré comme l'auteur de la fameuse phrase sur les troupes coloniales devant être "consommées avant l'hiver". Mais cette paternité est discutée par certains historiens.
27. On a même vu des rues et avenues changer plusieurs fois de noms entre l'époque allemande, l'époque française puis l'indépendance (cas du Togo, du Cameroun, etc.).
28. Ainsi qu'au Zimbabwe où Mugabe a fait rebaptiser plusieurs lieux. Par exemple Melsetter (emprunté à une ville des îles Orcades) fut remplacé par Chimanimani et le monument élevé à la gloire des pionniers détruit.
29. On peut consulter le très intéressant ouvrage de Philippe Gervais - Lambony : De Lomé à Harare : le fait citadin, (Karthala, 1993) qui donne une liste complète des changements de noms de rue pour ces deux villes.
30. Extrait de la plaque mise à l'époque à cet endroit.
31. http://www.lefaso.net/spip.php?article26120

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15 Jun 2015

DÉBOULONNONS LES STATUES ET RÉHABILITONS LES GRANDES FIGURES DU CONTINENT

 

Qu'ils aient été héros ordinaires ou extraordinaires, personnalités intellectuelles ou politiques, la mémoire des grandes figures africaines est peu honorée sur le continent où certains sont même tombés dans l'oubli.

      Les écrivains africains ne devraient jamais mourir. Déjà peu considérés de leur vivant, ils tombent souvent dans l'oubli après leur mort.
      Leurs œuvres retournent régulièrement dans l'anonymat après leur disparition du fait d'une absence de réédition et d'un suivi des ayants droit. Pourtant, dans bien des cas, les premiers ouvrages de certains de ces créateurs ont souvent été produits dans leur pays d'origine, avant qu'ils ne partent en Occident, principal lieu de légitimation culturelle francophone, pour être publié. Or, ces écrits ne font jamais l'objet de réédition dans leur pays d'origine et les mises au programme scolaire restent rares. Le cas le plus connu reste le second texte de Ahmadou Kourouma, la pièce Le diseur de vérité, qui fut publiée en France par Acoria, maison d'édition fondée par le Congolais Caya Makhélé. Mais il y a d'innombrables autres exemples.


      Les négociations avec d'éventuels éditeurs européens restent rares et lorsque l'œuvre de l'auteur passe dans le domaine public, comme c'est le cas avec le poète malgache Jean Joseph Rabearivelo, mort en 1937, les textes ne sont pour autant pas réédités.


      Les héritiers ne sont pourtant pas véritablement un obstacle. L'exemple de la collection de L'Harmattan, L'Afrique au cœur des lettres le démontre. Créée par Jean Pierre Orban, cette collection a pour vocation d'éditer ou de rééditer des manuscrits ou des textes inédits d'auteurs africains reconnus. Après plus de cinq années d'activités, le constat tiré par Jean Pierre Orban est limpide : les héritiers et ayants droit n'ont jamais posé de problèmes d'ordre financier à l'édition des textes de leur proche. Ils ont toujours perçu cette collection comme une chance pour faire revivre la mémoire de l'auteur disparu avec lequel ils avaient des liens affectifs. Preuve qu'en Afrique, comme partout, les familles peuvent comprendre des arguments d'ordre patrimonial.

 

Des auteurs oubliés

 

      Mais, comment envisager des rééditions d'auteurs disparus quand celles de leurs premières œuvres n'a pas lieu de leur vivant. Les gouvernements africains qui ont d'autres priorités n'aident guère ce genre d'initiative, même de façon indirecte en mettant certaines œuvres publiées localement dans les programmes scolaires, ce qui a un effet bénéfique direct sur les ventes… De leur côté, la, la plupart des éditeurs africains, s'ils ont renoncé depuis longtemps à publier des textes littéraires préférant logiquement se spécialiser dans l'édition de manuels scolaires, négligent le parascolaire, terrain, il est vrai, bien occupé par les éditeurs mauriciens (Les classiques africains) et français (Hatier). L'accès du public africain à l'essentiel du patrimoine littéraire d'Afrique francophone reste lié au bon vouloir d'éditeurs basés en Occident (même quand il s'agit de la diaspora) car, la plupart du temps, seuls les ouvrages publiés au Nord restent disponibles sur le marché, mais à un prix hors de portée de la plupart des bourses locales. S'il s'avérait que l'œuvre d'un écrivain du continent ne soit plus éditée en France, elle serait alors inaccessible aux lecteurs de son pays d'origine (1).


      Cette indifférence vis-à-vis des écrivains du continent est également vraie au niveau mémoriel. Rares sont les hommages nationaux rendus aux principaux auteurs décédés. Peu d'entre eux ont donné leurs noms aux rues, avenues, boulevards ou autres bâtiments nationaux de leurs pays d'origine. Cette stupéfiante absence concerne l'ensemble des pays francophones du Sud. Pas de rue Boubou Hama au Niger, ni d'Antoine Bangui au Tchad. En Guinée et dans une moindre mesure au Sénégal, berceaux d'écrivains de renom, la situation est la même : pas de Alioum Fantouré, William Sassine, ni de Camara Laye sur les plaques des rues ou des maisons de la culture de Guinée-Conakry et peu d'hommages aux Mariama Bâ, Cheikh Hamidou Kaneou même Sembène Ousmane au Sénégal. À Maurice, il n'y a toujours pas, 28 ans après sa mort, de rue ou d'avenue Malcolm de Chazal et il aura fallu beaucoup de temps pour que le nom de Raymond Chasles soit enfin donné à une place de sa ville de Rose Hill (2).


      A contrario, les villes africaines regorgent de rues, d'avenues et de places portant des noms de politiciens locaux déjà oubliés par le public, de chefs de village n'ayant qu'une importance régionale, de chefs de guerre aux exploits tendancieux et de mausolées rendant hommage à des dirigeants à la réputation sulfureuse.


      Brazzaville a sa statue Marien Ngouabi, son stade Massamba-Débat, une statue et un stade au nom du Guyanais Félix Eboué. Mais nulle part, il n'y a de réel hommage à Sony Labou Tansi, Tchikaya U' Tamsi ou Martial Sinda(3), et si Pointe-Noire compte une statue en hommage à un certain Tchikaya, il s'agit du père de l'écrivain, Jean-Félix Tchicaya, premier député du moyen Congo sous la colonisation (4). Peu étudié à l'école, absent du mobilier urbain, tout cela entraîne une méconnaissance totale de son nom dans la population, comme le dénonce Léandre-Alain Baker : "Vous connaissezTchicaya U Tam'si ? Posée dans les rues de Brazzaville, la réponse devrait être évidente. Et pourtant : bien peu connaissent le plus grand poète congolais. Aucun ne l'a lu (5)". Un réel paradoxe à l'heure où la revue française Culture sud lui rend hommage dans son dernier numéro (6).
      De l'autre coté du fleuve, Kinshasa a son mausolée Kabila, sa statue Lumumba, mais on cherchera longtemps la moindre trace du poète Bolamba ou de l'écrivain Tchibamba. En Afrique de l'Ouest, Yamoussoukro et Abidjan comptent un nombre important d'édifices baptisés du nom d'Houphouët-Boigny, mais les institutions nationales portant le nom d'Ahmadou Kourouma sont quasi inexistantes, cinq ans après sa mort, alors que la France (à travers un prix littéraire) et le Canada, par un nom donné à une salle de spectacle, lui rendent hommage. Au Bénin, comme le souligne l'écrivain Florent Kouao-Zotti : "Les écrivains béninois, autant qu'ils sont, n'ont jamais inspiré les politiques du pays à baptiser de leurs noms des rues ou places de nos villes. Paul Hazoumè n'a jamais retenu l'attention de qui que ce soit, ni Olympe Bhêly Quénum, ni mêmeJean Pliya. (7)". En Centrafrique, aucune rue de Banguine porte le nom d'Étienne Goyémidé ou même celui de René Maran qui fit entrer le pays dans l'histoire littéraire avec Batouala. À Madagascar, peu de choses permettent de se remémorer les noms de Jean Joseph Rabearivelo ou Flavien Ranaivo. Il y eut bien un prix littéraire portant le nom du premier, mais en 1956, sous l'époque coloniale… Aux Seychelles, aucun élève des cours de l'Alliance française n'est capable de dire qui est Antoine Abel, quatre années après sa mort. De même, la plupart des Bibliothèques nationales africaines ne portent pas de noms propres (8) et les salles de lecture restent souvent anonymes, tout comme les salles publiques de spectacle, appelées palais du peuple ou palais de la nation.
      Il y a heureusement des exceptions. Au Mali, par exemple, deux lycées situés à Kayes (sa région natale) et à Bamako portent le nom de Massa Makan Diabaté (9). Le Palais de la culture, porte le nom d’Ahmadou Hampate Ba. Les Maliens, en ce sens, n'ont pas à rougir face à la ville de Paris qui n'a pas hésité à baptiser un square du 10ème arrondissement du nom de l'écrivain malien. Autre exemple, au Sénégal, où l'Université de sciences humaines a pris le nom de Cheick Anta Diop et où le quartier Farm est composé de rues portant le nom d'écrivains célèbres dont des écrivains de la négritude (Césaire, Damas) mais aussi du pays (Ousmane Socé Diop,Birago Diop). L'État a même racheté la maison d'habitation de Birago Dioppour en faire la Maison des écrivains Keur Birago (10).


      Dans l'Océan Indien, aux Comores, les billets de banque portent des citations du poète Mab Elhad (11) et le gouvernement a institué une journée annuelle de commémoration en l'honneur de Mbaye Trambwe, sultan - poète des 17ème et 18ème siècle (12).

 

 À Tananarive des rues portent des noms d'auteurs, même s'ils sont bien moins connus que ceux cités plus hauts : le poète et écrivain Freddy Rajaofera, le révérend père Callet où Paul Rafiringa, homme d'église par ailleurs mémorialiste de son époque.


      Mais proportionnellement au nombre d'auteurs qui ont apporté ses titres de noblesses à la littérature africaine, ces cas restent rarissimes… La plupart du temps, les hommages viennent d'initiatives privées. Il y a bien, par exemple, une Université Internationale des Sciences Sociales Hampate Ba à Abidjan, mais ce bel hommage d'un pays voisin émane d'une institution privée et non publique. Il y a également un Cercle Sony Labou Tansi à Brazzaville, dans le quartier Ouenzé, mais il s'agit là encore d'une structure privée, spécialisée dans les arts de la scène, qui organise notamment le festival annuel Mantsina sur scène en décembre (c'est dans ce lieu que l'auteur de théâtre Dieudonné Niangouna a donné ses premières représentations et résidences). De même, le Centre culturel Francis Bebey de Yaoundé est une initiative de poètes locaux, mais n'a aucun lien avec l'État, tout comme le collège privé qui porte son nom. Autre exemple, à Bandalungwa, l'une des communes de Kinshasa, la compagnie de théâtre L'écurie Maloba a baptisé le lieu qui l'accueille Espace Mutombo Buitshi (13). On peut y ajouter tous les clubs UNESCO qui honorent souvent des écrivains. Parfois, dans sa grande générosité, l'État concerné autorise un pays étranger à honorer la mémoire de l'un des siens. C'est le cas à Conakry, où le Centre Culturel franco-guinéen a pris en 2008 le nom du grand chanteur guinéen Sory Kandia Kouyaté.


      Mais les hommages officiels sont rares. Il est vrai que l'attribution des noms de rue obéit souvent à une logique qui dépasse l'entendement, le tout dans une certaine opacité. Pourtant, sans verser dans la vénération parfois morbide que l'on peut constater en France, tous ces pays de création ont besoin de ces lieux de mémoire, de ce puissant ferment identitaire facteur de cohésion. Une nation a besoin de personnages exemplaires auxquels se référer qui soient aussi des hommes de culture.
      

Des colons symboliquement présents

      Il est vrai que la place est souvent déjà prise… par diverses personnalités européennes. Attribuer des noms d'Européens à des rues de villes d'Afrique ne pose, en soi, aucun problème. Des rues Zola, Balzac ou Victor Hugo ne gênent personne, ces hommes de lettre ayant acquis une envergure qui dépasse leur pays. De la même façon, l'hommage que l'on peut rendre à des scientifiques ayant œuvrés pour le bien être des populations locales (c'est le cas par exemple du docteur Eugène Jammot et de sa lutte contre la maladie du sommeil) ou de l'humanité en général (Pasteur, Jenner) peut se justifier (14). Passons également sur les nombreuses avenues de Gaulle ou Kennedy qui ornent les capitales, justifiées par leur envergure internationale mais dont l'omniprésence peut agacer.
      Plus dérangeants sont les noms de colonisateurs toujours en vigueur dans les rues des villes africaines. Si Théophile Kouamouo s'en offusque sur son blog à propos de la Côte d'Ivoire "quel était donc ce pays où, à part Houphouët-Boigny, les édifices et les avenues ne portaient que les noms des anciens ou des néocolons ?" (15), ce phénomène concerne toute l'Afrique noire francophone et dans une moindre mesure, les villes du Maghreb.


      C'est le cas de Marchand qui a une avenue à Abidjan et Yaoundé, de Terrasson de Fougères qui a une avenue dans la capitale ivoirienne et un monument à Bamako, de l'allemand Nachtigal qui a donné son nom à des chutes et à des boulevards au Cameroun (alors que Francis Bebey et Mongo Beti (16) sont toujours ignorés par les autorités), de Faidherbe avec une avenue à Dakar et un pont à Saint Louis du Sénégal, de Monteil qui a sa place à Niamey, de Eboué qui a son avenue à Brazzaville, de Victor Ballot qui a également son avenue à Porto Novo. Jules Ferry, promoteur de l'école publique mais aussi principal artisan de la politique coloniale française au 19ème siècle, a sa rue à Dakar. Les exemples sont nombreux. Le clou ayant été la création du mausolée de Savorgnan de Brazza à Brazzaville aux frais de l'État congolais. Événement incroyable qui entraînera une réaction violente de beaucoup dont l'historien Théophile Obenga : "Puisque les Congolais n'aiment pas les Congolais, puisque les Congolais ont une haine politique vis-à-vis les uns des autres, ils préfèrent célébrer un homme politique étranger comme Savorgnan De Brazza, ça fait sens… C'est tout à fait normal que par un complexe d'infériorité, ils adorent un étranger, un étranger qui est un colonial… (17)" Cette charge virulente peut s'expliquer quand on sait que la dépouille de l'abbé Fulbert Youlou repose toujours en Espagne, que Loubomo fut rebaptisé Dolisie (du nom d'un planteur français) à la Conférence Nationale souveraine de 1991 (18) et que Brazzaville est l'une des seules villes au monde, avec la ville de Caen, à posséder un stade d'Ornano. On peut toujours arguer que Brazza est honoré en tant que fondateur (involontaire) du Congo Brazza, mais alors, dans la même logique, pourquoi ce silence sur le tirailleur Malamine, sergent de son état, qui garda le territoire durant des mois en l'absence de tout Européen, en particulier contre les appétits de Stanley qui dut s'incliner. Si on doit être "honnête" sur le plan historique, il est, tout autant que son patron, le véritable créateur de l'entité "Congo français"…. Pour le pire ou le meilleur.
      Tout cela fait réagir le cinéaste algérien Lakhdar-Hamina : "Dans certaines capitales d'Europe, des avenues portent encore les noms d'hommes qui ont ordonné des crimes épouvantables contre les Africains. Puis-je, à ce propos, suggérer que nos rues portent des noms de personnalités telles qu'Amadou Hampâté Bâ, Joseph Ki-Zerbo, Cheikh Anta Diop, Franz Fanon,Kateb Yacine, Sembène Ousmane ou Yousssef Chahine, sans oublier les chantres de la négritude Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire ? (19)"


      Bien sûr, tous n'étaient pas des massacreurs. Savorgnan de Brazza reste d'ailleurs un personnage intéressant, dans le contexte de l'époque. Mais pourquoi les honorer en Afrique alors qu'ils sont tombés dans l'anonymat en Europe (20) ?


      De même, phénomène curieux, les noms des principaux dirigeants français sont souvent attribués à des rues de leur vivant. Ce qu'explique Jean Pierre Dozon, dans son ouvrage Frères et sujets : "Sous l'apparence d'une grande famille fraternelle et solidaire, se perpétuaient en réalité des rapports de sujétion, héritiers directs de la vieille ambivalence hexagonale par laquelle on avait voulu assimiler tout en maintenant à distance respectable le monde indigène. Il fut tout à fait symptomatique qu'alors qu'Houphouët-Boigny jouait avec beaucoup de zèle le jeu de l'État franco-africain en faisant baptiser les plus belles artères d'Abidjan du nom de grands dirigeants de la Ve République ("Pont Charles-de-Gaulle", "Boulevard Giscard d'Estaing", "Avenue François Mitterrand"), nul ne songea au sein de la classe politique française à rendre la pareille à l'illustre défunt, c'est-à-dire à donner son nom à une artère parisienne, ne serait-ce qu'à une modeste rue. Elle s'était pourtant somptuairement mise en frais à ses funérailles. (21)"


     C'est d'autant plus choquant que ces noms ont souvent été donnés plusieurs décennies après l'indépendance. C'est par exemple le cas à Lomé où des rues ont été baptisées du nom de Mitterand, de Gaulle ou Pompidou en… 1989 (22).


      Enfin, les villes d'Afrique honorent des évènements et des personnages qui, à certains égards, ne les concernent que de très loin. Si le Maréchal Leclerc ne fut pas un officier colonial, doit-on pour autant conserver la statue dressée devant la poste de Douala avec sa plaque sur le socle (23) ? Tout cela ne fait que perpétuer le souvenir d'un évènement ("les trois glorieuses") qui a plus de sens dans l'épopée gaullienne de la résistance que dans l'histoire du pays proprement dite (24). Si on peut choisir de conserver ces hommages, peut-être pourrait-on en modifier les textes d'époque gravés sur les plaques et rappeler à cette occasion le sacrifice des hommes du continent (et du Cameroun) dans la libération de la France pétainiste. Par la même occasion, on pourrait aussi honorer, dans d'autres pays, la mémoire de héros africains de la seconde guerre mondiale, par exemple le Gabonais Charles N'tchoréré, capitaine de l'armée française, assassiné par les nazis en juin 40, ou le Guinéen Adi Ba, fondateur du premier maquis des Vosges, tous deux complètements oubliés dans leur pays d'origine.


      La première guerre mondiale a aussi laissé ses traces avec ses rues de l'Artois, de la Marne et de Verdun à Bamako et dans d'autres villes du continent. Ces noms de rues, attribués à l'époque coloniale, permettent d'honorer la mémoire des tirailleurs africains tombés par milliers au combat en les réintégrant dans la mémoire collective continentale. Le mouvement est d'ailleurs général : à Kinshasa, il y a toujours une avenue Saïo et une place de la victoire qui honorent des hauts faits d'arme de la force publique du Congo belge. Au Sénégal, en août 2004, le président Abdoulaye Wade (dont le père était tirailleur) a inauguré la place du tirailleur à Dakar (25) et a proclamé le 23 août "journée du tirailleur". Mais pourquoi toutes ces nombreuses avenues et rues Joffre et Foch à travers le continent, eux qui furent aussi des officiers coloniaux ayant écrasé des révoltes dans le sang ? Et surtout pourquoi ces avenues Général Mangin (en particulier à Dakar), du nom de ce militaire auteur en 1910 de l'ouvrage La force noire, qui fut le promoteur de l'enrôlement de 230 000 Africains en 1914 et 1915 (26) ?
      Il y a pourtant eu dans le passé, à l'époque des décolonisations et des mouvements de libération nationale, des vagues de débaptisation de rues et autres carrefours dans certains pays. Beaucoup de noms européens ont été remplacés. De même, chaque changement de régime apporte son lot de nouveaux noms, de bannissements et de déboulonnage de statues (27). Ce fut le cas dans les années 70, dans l'ex-Zaïre avec le mouvement de la zaïrianisation et cela reste un problème aigu en Afrique du Sud et en Namibie après la fin de l'apartheid (28). Mais d'obscurs "héros" de la colonisation ont simplement été remplacés par des "héros" de l'indépendance tout aussi inconnus et mystérieux (29).
      
Des hommes politiques auto statufiés

      Ce constat tient au fait que les hommes politiques africains se sont honorés entre eux, sans tenir compte des autres domaines de la vie publique que sont les arts, les sciences ou le sport. Cette tendance des dirigeants à s'honorer eux-mêmes avant qu'on ne les oublie, héritée d'une vieille habitude post-indépendance (témoin la période ubuesque des Mobutu, Bokassa et consorts), est toujours en vigueur. On peut citer, par exemple, le cas de Simon Compaoré, maire de Ouagadougou, qui fit baptiser une rue de son nom, mais aussi celui de l'ancien vice-gouverneur de Kinshasa (et ancien ministre de la culture) Muzungu qui fit nommer une rue de la commune de Limété du nom de son père : rue papa Christophe Muzungu. Au Togo, les noms donnés à des artères ou à des bâtiments sous Eyadema en vue de célébrer les faits marquants de son régime restent en vigueur (même si nombre de statues ont été déboulonnées depuis le début des années 90) :Evala du nom de la grande fête annuelle du pays Kabyé (ethnie de Eyadema), Pya du nom de son village natal, 24 janvier, date de "l'attentat impérialiste perpétré contre le guide éclairé de la nation (30)", 30 août ou le jour de la fondation du RPT (Rassemblement du Peuple Togolais), nouvelle marche qui est le slogan du RPT (et le titre de ce qui fut durant longtemps le seul quotidien du pays) sont venus s'ajouter à tous les noms célébrant le président Eyadema. Imitant Mobutu, il avait même baptisé le grand marché de la capitale, ainsi qu'une place, du nom de sa mère, maman Ndanina (Mobutu avait fait de même pour sa première épouse avec l'hôpital central de Kinshasa). Les Loméens n'avaient plus guère d'autres choix que de montrer leur indépendance d'esprit en n'employant pas les noms donnés par le régime. Peu, en effet, utilisaient le nom de "boulevard du 13 janvier" préférant l'ancien nom de "boulevard circulaire". Mais d'autres fois, les nouveaux noms ne sont que le résultat d'une pure ignorance, comme le rapporte l'éditorialiste Yacouba H. S. Ouédraogo dans le quotidien Le pays : "Quelle nuit a pu bien porter ce conseil à ces messieurs du comité de toponymie pour "fusiller" le président angolais Agostinho Neto et le remplacer par Joseph Ki-Zerbo ? Le géant historien du Burkina Faso, rappelé à Dieu le 4 décembre 2006 a dû certainement se retourner dans sa tombe. (31)"
      Cette attitude des pouvoirs publics peut s'expliquer par le fait que les "maîtres de la plume" n'ont pas toujours été des citoyens commodes pour les tyrans africains. De Mongo Beti à Camara Laye ou William Sassine, beaucoup ont dû s'exiler pour construire l'essentiel de leurs œuvres. Honorer leurs mémoires quand ils sont morts n'a guère de sens pour le pouvoir en place….
      Mais en réalité, dans la plupart des cas, il ne s'agit même pas d'un oubli volontaire. Il s'agit plutôt de la manifestation d'une certaine indifférence aux artistes et créateurs souvent réduits à l'exil. Les États africains n'ont jamais réellement joué leur rôle en matière de soutien à la création artistique. Peu aidés de leur vivant, les créateurs sont oubliés après leur mort. La boucle est bouclée !

Christophe Cassiau-Haurie

1. C'est le cas, par exemple, de Martial Sinda, premier poète de l'AEF, dont le recueil mythique, Premier chant du départ est épuisé voire invisible depuis une quarantaine d'années, du fait de la décision des éditions Pierre Seghers de ne pas le rééditer et l'absence d'éditeur à Bangui. Mais l'Afrique fourmille d'autres cas.
2. On peut d'ailleurs se demander à l'égard de Chasles, comme le fait son ami Alain Brezault : "Était-ce d'ailleurs le poète et l'homme de culture qui était ainsi honoré, ou le fin diplomate et politicien ayant défendu les intérêts économiques de son pays ?" (Échange de courriel avec l'auteur, avril 2009).


3. Son cas est plus normal, puisqu'il est encore vivant.
4. Statue que ne reniait pas le fils, fasciné par le parcours de son père.
5. Tchicaya, article de Léandre-Alain Baker sur http://www.africultures.com/index.asp?menu=revue_affiche_article&no=2464
6. Tchicaya passion, N°171, octobre - décembre 2008.
7. Echange de courriels avec l'auteur, 12 janvier 2009.
8. Si le théâtre national de RDC est de nouveau anonyme, après s'être appelé Mobutu Sese Seko durant plusieurs décennies, la salle principale porte le nom de Mongita, l'un de premiers hommes de théâtre du pays. Elle s'appelait auparavant salle du parti. Un autre théâtre de la capitale porte le même nom, celui situé dans l'enceinte du stade Cardinal Malula (ex-stade Reine Astrid).


9. Massa Makan Diabaté, né à Kita (le long de la ligne de chemin de fer Bamako - Dakar) en 1938 et décédé en 1988, est l'auteur de plusieurs ouvrages et textes de théâtre, dont la trilogie de Kouta et une pièce jouée après sa mort, Une hyène à jeun.
10. La maison de Senghor est toujours vide et inutilisée.
11. Il s'agit de l'un des rares cas où un homme de lettre du continent est honoré de son vivant. Un autre cas dans la région est le flûtiste malgache Rakoto Frah également honoré par des billets de banque.
12. Soeuf Elbadawi a rédigé une note bio - bibliographique sur lui : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=2534
13. L'un des plus grands metteurs en scène d'Afrique, mort en 1995.
14. D'autant plus que, si on prend le cas du docteur Jammot, certains sont complètement tombés dans l'oubli dans leur propre pays (en l'occurrence, la France).
15. http://kouamouo.afrikblog.com
archives/2007/11/18/index.html
16. Alors qu'il existe une librairie Mongo Beti à Bondy, dans la banlieue parisienne.
17. http://www.congoplus.info/tout_larticle.php?id_article=1164
18. La proposition de rebaptiser N'kayi en Jacob (nom du colon qui créa cette agglomération) ne fut pas suivie d'effets….
19. Jeune Afrique, N°2499, du 30 novembre au 6 décembre 2008.
20. Dans le cas de Savorgnan de Brazza, peut être peut on aussi y voir, à un siècle d'écart, une démonstration de la solidarité maçonnique qui unit Sassou Nguesso à son "frère" Savorgnan.
21. Jean Pierre Dozon, Frères et sujets, 2003, Flammarion.
22. Au passage, Kpalimé, du nom de la capitale du pays éwé (ethnie opposé au président), disparaissait du paysage urbain de Lomé.
23. La statue du maréchal fut nettoyée aux frais de l'Etat camerounais en 2001, à l'occasion du sommet France - Afrique. La coopération française, qui avait prévu la dépense dans son budget n'était pas au courant.
24. Le maréchal Leclerc a également une place à Dakar
25. Le fameux monument Samba-Dupont, datant de l'époque coloniale, se trouve au centre de cette place.
26. Mangin est considéré comme l'auteur de la fameuse phrase sur les troupes coloniales devant être "consommées avant l'hiver". Mais cette paternité est discutée par certains historiens.
27. On a même vu des rues et avenues changer plusieurs fois de noms entre l'époque allemande, l'époque française puis l'indépendance (cas du Togo, du Cameroun, etc.).
28. Ainsi qu'au Zimbabwe où Mugabe a fait rebaptiser plusieurs lieux. Par exemple Melsetter (emprunté à une ville des îles Orcades) fut remplacé par Chimanimani et le monument élevé à la gloire des pionniers détruit.
29. On peut consulter le très intéressant ouvrage de Philippe Gervais - Lambony : De Lomé à Harare : le fait citadin, (Karthala, 1993) qui donne une liste complète des changements de noms de rue pour ces deux villes.
30. Extrait de la plaque mise à l'époque à cet endroit.
31. http://www.lefaso.net/spip.php?article26120

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